
Monde Numérique (Actu Tech)
·S5 E174
🎤 Interview - IA en entreprise : promesses, échecs et solutions concrètes (Mickaël Mina, Sage)
Episode Transcript
Monde Numérique :
[0:01] 16% seulement des projets d'IA qui avaient été menés en entreprise avaient un
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[0:07] retour sur investissement. Seulement 16%, vous imaginez ? Soit l'IA ne tient pas ses promesses, soit effectivement un investissement, je dirais, à vue, sans réelle maîtrise ou sans gouvernance globale, malheureusement conduit à ce qu'on le constate aujourd'hui. Bonjour Mickaël Mina.
Mickaël Mina:
[0:32] Bonjour Jérôme.
Monde Numérique :
[0:33] Vous êtes directeur IA chez Sage, célèbre éditeur de logiciels pour les entreprises. Alors, moins d'une entreprise française sur dix aurait adopté l'intelligence artificielle. L'IA en entreprise, entre discours incantatoire, belles promesses et désillusions, c'est donc encore une histoire un peu compliquée. C'est ce qu'on va examiner ensemble dans cette interview. En partenariat avec Sage, Mickaël Mina, où en sommes-nous ? Est-ce qu'on peut parler de retard des entreprises françaises, notamment les petites et moyennes entreprises, les PME ?
Mickaël Mina:
[1:04] Alors, où en sont les PME françaises ? C'est une bonne question. Nous, on a réalisé une étude en janvier 2025 auprès de 1000 PME. C'était à l'aube de l'IA Summit. Cette étude, elle a révélé que seulement une entreprise sur quatre, Jérôme, avait véritablement adopté l'IA. Donc c'est 25% et si on zoom encore plus sur ces 25% qui l'ont adopté 80% l'ont utilisé uniquement sur un département particulier c'est-à-dire en général c'est souvent le support, le marketing ou la relation client. Donc, on voit finalement que l'expérience, elle est assez cloisonnée.
Mickaël Mina:
[1:41] L'adoption, elle est trop expérimentale et souvent trop timide. Et d'ailleurs, une étude toute récente de BPU confirme cette tendance puisque 43% des dirigeants qui ont été sondés seulement ont adopté une stratégie autour de l'IA. Donc, effectivement, l'adoption, elle est timide et pas assez encore démocratisée dans les entreprises françaises.
Monde Numérique :
[2:00] Alors, c'est vrai qu'on parle de l'IA au sens large, mais ça peut vouloir dire plein de choses différentes, parce que l'IA impacte différents secteurs dans les entreprises. En ce qui vous concerne, ça va être quoi ? La finance, la comptabilité, les ressources humaines, etc., principalement ?
Mickaël Mina:
[2:16] Oui, bien sûr. Donc, Sage, c'est un leader mondial dans le domaine des logiciels de gestion. Donc, comptabilité, finance, gestion des ressources humaines, paye également, c'est important. Donc, effectivement, l'intelligence artificielle, on l'a déjà intégrée depuis un certain nombre d'années chez Sage. Les relances automatiques, c'est de l'intelligence. Les rapprochements bancaires, c'est de l'intelligence.
Monde Numérique :
[2:35] Ce n'est pas de l'intelligence artificielle générative, mais c'est déjà de l'IA.
Mickaël Mina:
[2:38] Exactement. L'IA existe déjà dans les produits depuis un certain nombre d'années. On n'a pas attendu l'arrivée de Tchad GPT pour le faire. Effectivement, l'étape d'après, qu'on a déjà amorcée depuis un certain nombre
Mickaël Mina:
[2:48] d'années aussi, c'est l'IA générative. Et c'est là que cette copaine est arrivée, mais on aura le plaisir d'en parler.
Monde Numérique :
[2:53] On va en parler, bien sûr. Juste encore pour avoir cette vision un peu globale, Vous êtes intervenu justement au sommet de l'IA que vous évoquiez en février à Paris pour parler des bénéfices. Parce qu'au fond, pourquoi mettre de l'IA ? Ce n'est pas juste pour crier IA, IA partout. Il faut que ça serve à quelque chose. Est-ce que déjà, on sait à quoi ça sert ? Vous, votre intervention au sommet de l'IA, c'était sur l'intelligence artificielle au service de la croissance. C'est ce qu'il y a de plus important aujourd'hui ?
Mickaël Mina:
[3:19] Oui, c'est ce qu'il y a de plus important, clairement.
Monde Numérique :
[3:21] Ce n'est pas pour faire des économies ?
Mickaël Mina:
[3:23] Aussi, mais ça passe aussi par la croissance. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un constat qui est clair, c'est que les entreprises françaises, Sous-titrage ST' 501 doivent scaler, elles doivent rayonner sur le plan international et grossir, exactement. Et le président de la République, ça l'a bien compris et mise tout pour aider ces entreprises à prospérer. Et donc, Sage se tient évidemment en première ligne pour accompagner les PME françaises dans cette croissance. Donc évidemment, l'IA au service de la productivité des entreprises va permettre une croissance et notamment, on sait que c'est important dans l'aspect de la finance pour apprendre des décisions plus éclairées, plus intelligentes et notamment tout ce qui touche à l'aspect de la trésorerie.
Mickaël Mina:
[3:58] La trésorerie, c'est un vrai sujet, c'est un vrai enjeu pour les entreprises françaises. Et l'IA, on sait qu'ici, elle a un vrai rôle à jouer pour les entreprises, notamment en matière de visibilité, de prédiction et surtout d'anticipation de la trésorerie.
Monde Numérique :
[4:09] C'est-à-dire que l'IA aujourd'hui peut m'aider à vraiment piloter ma trésorerie d'entreprise ?
Mickaël Mina:
[4:13] Complètement. On va se rapprocher d'une vue de sa trésorerie en temps réel grâce à l'IA. C'est-à-dire qu'on sait que l'IA a cette capacité d'aller plus vite qu'un humain sur un certain nombre de sujets et notamment sur la donnée en temps réel. Et donc ça aujourd'hui c'est un vrai pilier sur lequel Sage investit beaucoup puisqu'on est en train de passer d'une gestion je dirais cyclique, à une gestion en continu. Et ça, c'est super important pour en d'affaires.
Monde Numérique :
[4:38] C'est-à-dire qu'abord, on va regarder le tableau de bord tous les six mois, tous les trimestres, tous les mois.
Mickaël Mina:
[4:42] Absolument. Et donc, effectivement, on va se rapprocher d'une vue de sa trésorerie en temps réel de ce qui va sortir, mais aussi de ce qui va rentrer. Ça va permettre à une direction financière et à un dirigeant d'entreprise de faire de meilleures prévisions budgétaires, d'investir. Et on sait que l'investissement, c'est un vrai levier pour la croissance, typiquement. Donc là, on est complètement dedans. Et puis aussi de faire de l'acquisition d'entreprise. Donc voilà, c'est exactement l'ensemble de ces sujets qui vont amener l'entreprise à faire de la croissance et donc à rayonner sur le plan international aussi.
Monde Numérique :
[5:07] Donc, ça permet de savoir ce qui va rentrer dans les caisses en termes de contrats déjà signés, etc. Il y a des impondérables aussi, parfois, ça les prend en compte ?
Mickaël Mina:
[5:16] Oui.
Monde Numérique :
[5:17] Voilà, l'absence de paiement ou autre ?
Mickaël Mina:
[5:19] Bien sûr, on sait aujourd'hui qu'on est dans un contexte qui est plutôt incertain, on ne va pas se mentir, c'est normal. On est sur une phase à post-Covid où l'enjeu est plutôt incertain. Et donc, là aussi, l'IA permet de faire, je dirais, certaines prédictions qui ne concernent pas que le contexte propre d'une entreprise. Par exemple, dans le secteur industriel, on sait aussi évaluer la croissance de l'ensemble des entreprises qui se trouvent dans le secteur de cette entreprise pour ensuite évaluer et peut-être même proposer des actions qui permettraient de faire de la croissance plus rapidement qu'une autre.
Monde Numérique :
[5:49] C'est-à-dire, quel type d'action ?
Mickaël Mina:
[5:50] Typiquement, ça peut être des actions sur les réasseurs de stock. Typiquement, on sait que quand on arrive sur une période estivale, on sait qu'on va pouvoir vendre plus de ventilateurs. Donc, on va pouvoir proposer à une entreprise de produire beaucoup plus.
Monde Numérique :
[6:04] Mais est-ce qu'on a vraiment besoin de l'IA pour ça ? Normalement, si on fabrique des ventilateurs, on sait qu'en été, ça ne marchait qu'en hiver.
Mickaël Mina:
[6:10] C'est vrai, on n'a pas attendu l'IA pour le faire. Néanmoins, je pense que pour une entreprise qui n'est pas vraiment tech et qui se concentre vraiment sur son activité, on a besoin aussi d'apporter des insights, plus de précisions aussi pour les directions financières. Pour mieux budgétiser et puis surtout mieux anticiper la croissance et mieux anticiper la trésorerie. Moi, j'aime bien l'analogie de la carte bleue, si vous voulez. Vous avez des cartes bleues débit, vous avez des cartes bleues crédit. Sur les cartes bleues débit, vous dépenser au moins le mois. Et puis, vous arrivez le mois suivant avec des surprises. Et donc, finalement, ça va soit vous brider, ça va vous freiner sur la consommation que vous avez sur le mois d'après. Donc, vous allez soit vous restreindre, soit vous allez avoir une bonne surprise et vous allez pouvoir mieux dépenser. Donc, ça, c'est le carte bleue plutôt débit. Moi, j'aime bien dire que l'IA, c'est plutôt la carte bleue crédit. Donc, vous avez instantanément sur votre application ce qui a été dépensé en temps réel. Et donc, du coup, vous allez pouvoir anticiper mieux le mois d'après et peut-être mieux mieux, vous faire plaisir, investir davantage, etc. Donc ça, c'est quelque chose qu'on fait déjà dans les produits de Sage.
Monde Numérique :
[7:11] D'accord. Quel impact sur l'organisation des entreprises ?
Monde Numérique :
[7:16] Est-ce que c'est que du bénéfice ? Est-ce que ça veut dire qu'il faut aussi s'adapter ? Et puis notamment en termes d'emploi, c'est un peu toujours la même question, il y a cette déclaration qui a fait beaucoup de bruit du PDG de Shopify, donc la plateforme de commerce électronique, qui a expliqué à ses collaborateurs qu'ils réclamaient plus de ressources, plus d'embauches, plus de personnel, il leur a dit, prouvez-moi d'abord que l'IA ne peut pas faire ce que vous souhaitez faire avec des humains.
Mickaël Mina:
[7:43] La question est importante et on voit émerger je dirais deux mondes, deux extrêmes complètement posés. D'un côté, vous avez des entreprises comme Shopify, effectivement, vous l'avez souligné, qui...
Monde Numérique :
[7:54] C'est une boîte 100% tech, elle est née sur Internet, elle vit l'Internet.
Mickaël Mina:
[7:58] Aussi, mais qui a décidé finalement de mettre au défi ses collaborateurs face au défi de l'IA finalement, et donc avec une manière un peu provocatrice, mais peut-être aussi pour sensibiliser la conscience générale. Et puis, d'un autre côté, vous avez les entreprises qui ont décidé de tout interdire. Ça, on le voit.
Monde Numérique :
[8:19] Ça existe encore, ça ?
Mickaël Mina:
[8:19] Ça existe. Ça existe et ça conduit et c'est parfait pour créer un terrain fertile pour le Shadow AI. Le Shadow AI, pour ceux qui nous écoutent, qui ne savent pas ce que c'est, c'est l'utilisation non encadrée, non maîtrisée des outils d'intelligence artificielle générative ou pas, sans maîtrise de l'entreprise.
Monde Numérique :
[8:37] C'est-à-dire que mon patron ne veut pas que je m'en serve, mais moi, dans mon coin, je vais sur ChatGPT et je m'en sers pour travailler.
Mickaël Mina:
[8:41] C'est exactement ça. Donc, ça peut conduire évidemment à des risques fondamentaux, des vrais risques sur l'image de marque, sur une potentielle fuite de données, sur le fait qu'effectivement, il n'y ait pas d'adoption à tous les étages d'une entreprise. Donc, effectivement, à trop forcer, on peut constater des dérives, une fuite de talent et peut-être même une certaine résistance. Et puis à tout interdire, on va pouvoir malheureusement constater une utilisation non maîtrisée de ces outils. Moi, je dirais que la réalité, elle se situe plutôt entre les deux.
Mickaël Mina:
[9:18] On a une réalité beaucoup plus nuancée, c'est-à-dire que l'IA pour les entreprises les plus matures, Ce n'est pas un sujet technique. Ce n'est pas un sujet RH, mais c'est plutôt un sujet de gouvernance globale. C'est-à-dire qu'on doit pouvoir s'acculturer, acculturer une entreprise entièrement de l'utilisation de l'IA à tous les étages. On doit avoir une vraie gouvernance qui s'inscrit à tous les étages. Et puis surtout, on doit responsabiliser les collaborateurs. Moi, j'aime bien dire pareil, en termes d'analogie, si vous interdisez un téléphone à un enfant, il va trouver le moyen de l'utiliser.
Monde Numérique :
[9:51] Il l'utilisera deux fois plus sur les copains. ou pareil pour les consoles de jeux à l'école.
Mickaël Mina:
[9:55] Exactement. Donc, il faut responsabiliser, l'utilisation de l'intelligence artificielle avec intelligence.
Monde Numérique :
[10:01] Alors, une fois qu'on a dit ça, il faut t'avouer que ce n'est pas forcément facile, notamment pour les dirigeants. Qu'est-ce que je fais ? Avec quels outils ? Jusqu'où ? Combien ça va me coûter ? Quel bénéfice je vais en tirer ? Etc. Face à toutes ces interrogations, qu'est-ce que vous répondez ? Et entendre notamment que fournisseurs de solutions ?
Mickaël Mina:
[10:23] Bien sûr. Alors, si je comprends bien la question, c'est qu'est-ce qu'on peut répondre à toutes les personnes qui finalement souhaitent interdire cette utilisation ?
Monde Numérique :
[10:33] Voilà. Un dirigeant qui vous dit naïvement, il se passe quelque chose avec l'IA, je sens bien que je peux en tirer un bénéfice, mais je ne sais pas où aller. Bon, est-ce que vous pouvez m'aider ?
Mickaël Mina:
[10:40] Chez Sage, on a fait un constat, on est parti surtout des difficultés que rencontraient nos clients. C'est-à-dire que les clients rencontrent des difficultés, typiquement, nous, on s'adresse à des DAF.
Monde Numérique :
[10:49] À des experts comptables.
Mickaël Mina:
[10:50] À des équipes comptables et financières.
Monde Numérique :
[10:52] Donc, les équipes financières.
Mickaël Mina:
[10:53] Exactement. Leur difficulté, c'est les clôtures. C'est une vraie difficulté bien connue des directions financières qui passent en moyenne 25% de leurs bandes passantes à saisir, à vérifier, à contrôler, et puis finalement à clôturer les comptes. Donc, effectivement, on part de ces difficultés en se disant OK, l'IA ici a un vrai rôle à jouer et on va pouvoir les aider comme ça, grâce à de la donnée en temps réel dont je parlais juste avant, définir ce que c'est qu'une clôture et puis surtout comment on peut vous aider ? À l'accélérer. Chez Sage, on a toujours conçu des logiciels pour accélérer ces clôtures. Et finalement, avec l'arrivée de l'IA, c'est la première fois qu'on ne parle plus d'accélération de clôture, mais d'élimination des clôtures. Voilà. Donc ça, c'est un vrai...
Monde Numérique :
[11:35] C'est-à-dire quoi ? En fait, la clôture, ça se fait tout au long de l'année ?
Mickaël Mina:
[11:37] Transparente.
Monde Numérique :
[11:38] Et à la fin.
Mickaël Mina:
[11:38] Il suffit d'une signature le jour J. Exactement. Donc, elle se fait de manière transparente, en continu. C'est exactement ça, la gestion en continu, grâce à la donnée en temps réel. Et effectivement, on va pouvoir libérer du temps à ces directions financières pour pour qu'elles se consacrent à d'autres actions à plus haute valeur ajoutée. Et ça, c'est important parce qu'aujourd'hui, le DAF, qui est plutôt le gardien des chiffres, va devenir désormais le pilote du chiffre avec un grand C et va surtout devenir un consultant presque privilégié auprès de sa direction. Ça, c'est important puisque, effectivement, autrefois, il passait beaucoup de temps à faire du reporting, il passait beaucoup de temps à saisir, à valider, à contrôler que ses équipes avaient bien clôturé et surtout à faire une course, en fait, auprès de ses équipes. Aujourd'hui, on passe surtout d'une fonction de saisie à une fonction de facilitateur et de conseil, en fait, de sa direction. Donc, on voit que l'IA aussi permet de transformer quelque part le métier de la finance.
Monde Numérique :
[12:31] Oui, il a accès plus facilement aux données. Il peut consacrer plus de temps à leur analyse, peut-être.
Mickaël Mina:
[12:35] Aussi, et puis, il va surtout aussi accéder plus rapidement à la donnée avec l'intelligence artificielle générative au travers d'une interface conversationnelle. Donc, il va pouvoir, en quelques clics ou en une simple question en langage naturel, accéder à une donnée. Qui autrefois lui mettait un certain nombre.
Monde Numérique :
[12:52] Par exemple, qu'est-ce qu'il peut ?
Mickaël Mina:
[12:53] Typiquement, pourquoi mon chiffre d'affaires a baissé sur le deuxième trimestre ? Il va pouvoir avoir une réponse contextualisée en faisant appel à des agents IA, typiquement sur le contexte, sur la base d'un contexte du client, mais aussi, pourquoi pas, d'un contexte économique.
Monde Numérique :
[13:11] Également les paramètres extérieurs.
Mickaël Mina:
[13:13] Exactement. Donc, ça permet de faire du rag, mais aussi d'ajouter un certain nombre d'agents qui vont aller scraper ce qui se passe sur les autres entreprises du même secteur d'activité.
Monde Numérique :
[13:21] Scraper, ça veut dire récupérer, collecter. Pardon, je...
Mickaël Mina:
[13:24] Vous avez raison.
Monde Numérique :
[13:26] Est-ce que... Ça, ça paraît formidable, mais c'est une belle promesse. Est-ce qu'elle est tenue à chaque fois ?
Mickaël Mina:
[13:32] Pas tout le temps. Pas tout le temps. Il faut être extrêmement prudent quand on parle d'IA. Et puis surtout, je pense qu'il y a un effet wow qui est média. Et puis après, qu'est-ce qui se passe sur l'utilisation au quotidien ? C'est ça la vraie question. Je pense que moi, je ne vais pas citer un outil que je pense qu'on connaît tous, mais on a eu un effet wow tout de suite en entreprise parce qu'on avait pu sonder un certain nombre de documents qui étaient sensibles, chose qu'on ne pouvait pas faire avec ChatGPT. Et puis finalement, au quotidien, qu'est-ce qui se passe ? On se rend compte que les collaborateurs, les salariés ne l'utilisent plus.
Monde Numérique :
[14:06] C'est un outil payant auquel vous pensez.
Mickaël Mina:
[14:08] Voilà, exactement. Donc pourquoi ? La question, c'est de savoir pourquoi. Soit parce que l'adoption, elle n'a pas été généralisée, soit parce qu'elle a été mal expliquée. Donc là, on revient sur les sujets de gouvernance, d'explication, de responsabilisation des collaborateurs. Soit parce qu'effectivement, on n'en trouve pas l'utilité, pas l'usage. Et d'ailleurs, ça me fait penser à une étude d'IBM qui a révélé tout récemment que 16% seulement des projets d'IA qui avait été mené en entreprise avait un retour sur investissement. Seulement 16%.
Monde Numérique :
[14:37] Vous imaginez ? Ce n'est pas beaucoup. C'est dramatique.
Mickaël Mina:
[14:40] Non, c'est dramatique. Et puis, je pense qu'il y a plus de... Si je reprends les chiffres, je crois qu'il y a 75% des projets qui ont été abandonnés.
Monde Numérique :
[14:46] Donc, c'est que l'IA ne tient pas ses promesses.
Mickaël Mina:
[14:48] Soit l'IA ne tient pas ses promesses, soit effectivement un investissement, je dirais, à vue, sans réelle maîtrise ou sans gouvernance globale, malheureusement, conduit à ce qu'on le constate aujourd'hui. Il y a aussi d'autres entreprises comme Klarna, qu'on peut citer, qui vient de reprendre un plan de recrutement massif après avoir licencié plus de 200 personnes au support client. Donc malheureusement, la confiance a été érodée. Ils se sont aperçus que la satisfaction des utilisateurs était trop faible. Donc j'ai envie de dire que le curseur, encore une fois, doit être positionné à bon escient. Et surtout, je pense que la plupart des entreprises qui licencient ou qui souhaitent tout miser sur l'IA.
Mickaël Mina:
[15:34] C'est surtout par peur ou surtout par fascination de la technologie au détriment de la confiance des utilisateurs ça c'est un vrai sujet, c'est un vrai problème pour faire plaisir aux investisseurs pour faire plaisir à leur comité exécutif pour faire plaisir à leurs clients parce que l'entreprise qui est juste augmentée à l'IA alors qu'on n'en a pas intégré, véritablement, ça fait plaisir aussi mais donc effectivement ça conduit à ce genre de risques en fait ça conduit à ce genre de risques et surtout à ces rollbacks auxquels on est en train d'assister Et puis de l'autre côté, on a une autre dimension, la dimension des clients qui ont plutôt bien investi sur un certain nombre d'outils d'IA génératifs en se disant mes salariés vont pouvoir gagner tant de pourcents de productivité et qui se sont aperçus que finalement, derrière les promesses, Il n'y avait rien. Il n'y avait rien. Et donc, machine arrière sur les investissements qui avaient eu lieu. Donc là, encore une fois, soit les outils n'ont pas tenu leurs promesses, soit l'adoption n'a pas été correctement démocratisée, évangélisée aussi en interne. Et là, on revient sur les sujets d'acculturation de l'IA.
Monde Numérique :
[16:39] Donc, il y a le pire et le meilleur, finalement. Et il ne faut pas généraliser.
Mickaël Mina:
[16:42] Un peu à l'image de Shopify et des entreprises qui souhaitent l'interdire complètement. Moi, je pense qu'encore une fois, il faut être prudent, mais que la réalité, elle est toujours nuancée quand on parle d'IA. C'est un peu la même chose quand on parlait de cloud il y a une quinzaine d'années. Toutes les entreprises qui ont investi dans le cloud en faisant du micro-service et sont devenues extrêmement dépendantes à certains cloud providers. On ne va pas les citer. Et donc, ils se rendent compte que finalement, cette entreprise paye beaucoup trop cher, plus que si elles avaient été plutôt en multi-cloud ou en on-premise ou simplement en ayant fait les bons choix de technologie. Donc effectivement, je pense que tout n'est pas noir ou blanc, mais il y a une réalité qui se situe entre les deux.
Monde Numérique :
[17:23] Et comment vous faites ?
Mickaël Mina:
[17:24] Alors évidemment, nous, on a capitalisé sur 40 ans d'années, 40 ans d'expérience, 40 ans d'expertise au sein de la finance et de la comptabilité. Donc on a, nous, récupéré toutes ces données, on les a anonymisées, Et puis, on a fait reconnaître à une machine ce que c'était qu'un taux de TVA, ce que c'est qu'un numéro de sirète, ce que c'est qu'une facture, un devis, un bon de commande.
Monde Numérique :
[17:47] Mais ça, tous les outils de comptes le font aujourd'hui ? Pas tous. Non ?
Mickaël Mina:
[17:49] Non, pas tous. Mais surtout, ça nous permet de détecter plus rapidement, en fait. Donc, aujourd'hui, on sait détecter ce que c'est qu'une facture et un devis. Pourquoi pas ? Ça, ça n'apporte rien tout de suite. Mais on peut raller plus loin. Et d'ailleurs, on va plus loin. On sait potentiellement détecter une fraude. On sait détecter une erreur, dans la saisie, ça a existé déjà, mais une fraude potentielle. Une valeur aberrante qui peut venir d'un fournisseur. On sait prédire sur la base d'une donnée qui est historisée. On sait dire aujourd'hui, on estime que sur le trimestre prochain, vous pourrez avoir un cash flow, une trésorerie supérieure à 200 000 dollars. Et on sait modéliser l'impact que ça peut avoir. Donc, on sait projeter cet impact sur un certain nombre de départements. On peut proposer d'injecter cet argent, ce gain finalement de 200 000 dollars au sein de différents départements, donc le marketing, support, commerce, avec l'impact sur les marges que ça peut générer.
Monde Numérique :
[18:46] Vous allez jusqu'à des conseils stratégiques en fait.
Mickaël Mina:
[18:48] Complètement, et donc c'est exactement ce que je disais quand le DAF va devenir, je dirais, facilitateur et conseil auprès de sa direction. Donc voilà comment aujourd'hui on transforme la finance, voilà comment on transforme aussi la compta quelque part, Mais surtout, on part des difficultés que rencontrent nos salariés.
Monde Numérique :
[19:06] C'est que pour les grands groupes ou c'est aussi pour les ETI, les PME, les TPE ?
Mickaël Mina:
[19:09] Ah ouais, non, mais surtout pas. J'ai même envie d'aller plus loin, même pour un freelance. Et d'ailleurs, je pense aujourd'hui qu'un freelance l'utilise beaucoup plus qu'une grande entreprise où c'est plus compliqué, où on va plus lentement, où il y a beaucoup de process. Et donc, effectivement, l'IA a cette faculté de fédérer. Je pense qu'il y a aujourd'hui beaucoup d'outils diagénératifs qui sont accessibles au grand public, mais surtout qui permettent d'arriver à des gains rapides. C'est ça qui est le plus important et moi, c'est ce que je conseille systématiquement à des entreprises lorsque je les rencontre, c'est partez sur ce qui existe déjà, pour aller beaucoup plus vite. Ça, c'est super important parce qu'on a l'impression que lorsqu'on veut mettre en place un projet d'IA, il faut faire table rase, il faut presque réinventer le fil à couper le beurre et puis surtout, il faut aller le plus loin possible. En réalité, pas du tout. Il faut prendre les process qui existent déjà, les adapter et puis partir sur des gains plutôt significatifs sur lesquels on va trouver un retour sur investissement très rapide qui va permettre ensuite d'aller plus loin.
Monde Numérique :
[20:12] Et y compris pour les plus petits, comme vous dites.
Mickaël Mina:
[20:14] Exactement.
Monde Numérique :
[20:15] Alors, ces outils que vous avez développés, comment vous avez fait ? Parce que vous-même, vous avez dû, j'imagine, un peu benchmarker, examiner tous les outils sur le marché.
Monde Numérique :
[20:27] Vous n'avez pas développé votre propre LLM ?
Mickaël Mina:
[20:29] Non, on s'est appuyé sur un moteur Mistral pour le faire.
Monde Numérique :
[20:33] Ok, français.
Mickaël Mina:
[20:34] Exactement. Donc, français, souverain et open source. Et on va vous expliquer pourquoi on l'a fait. D'abord, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne s'est rien interdit. Sur les trois dernières années.
Monde Numérique :
[20:44] Pardon, vous dites Mistral, c'est pour Sage au niveau global ?
Mickaël Mina:
[20:48] Complètement.
Monde Numérique :
[20:48] Dans le monde entier ?
Mickaël Mina:
[20:49] Dans le monde entier.
Monde Numérique :
[20:50] Pas mal pour les Français, ça.
Mickaël Mina:
[20:51] Et ce n'est pas le seul moteur. On a utilisé également Anthropik. On a utilisé OpenAI pour la compréhension du langage. Et puis, effectivement, comme je vous le disais, on ne sait rien d'interdit. Et ça, c'est inédit chez Sage, qui est une entreprise plutôt historique. J'aime bien dire que c'est historique plutôt dans le bon sens du terme. Mais effectivement, c'est nouveau.
Monde Numérique :
[21:11] Oui, j'en se souviens, c'était les logiciels qu'on achetait dans des boîtes à la FNAC ou ailleurs. Voilà, vous faites partie du paysage depuis longtemps.
Mickaël Mina:
[21:20] Oui, et puis ce qui est intéressant, c'est de voir aussi comment nous, on s'est transformé aussi en interne grâce à l'IA. C'est-à-dire que durant cette phase de test and learn, on est même allé jusqu'à utiliser DeepSeek. Qui est chinois.
Monde Numérique :
[21:33] Qui est chinois.
Mickaël Mina:
[21:33] Qui est chinois, voilà. Donc, on est parti jusqu'à...
Monde Numérique :
[21:35] Pour le tester ?
Mickaël Mina:
[21:36] Pour le tester, pour essayer de mettre certaines choses en production. Alors, pas pour les clients ou alors pour une certaine typologie de clients qui ont accepté ce test-là. Mais on a ensuite décommissionné pour un certain nombre de raisons aussi. Mais ce qui est important, c'est de voir aussi pourquoi on est parti sur, je dirais, un modèle qui est spécialisé dans le jargon de la finance et de la comptabilité. Parce que les modèles qui existent aujourd'hui, qui sont grand public, ils sont super. Ils sont bien entraînés, et c'est d'ailleurs leur force, parce qu'ils sont créatifs. Mais dans le domaine de la finance et de la comptabilité, la précision est d'or. C'est ça la réalité, c'est qu'on ne peut pas se permettre d'avoir une réponse fiable à 99%. C'est trop peu. Le niveau d'exigence d'un DAF, il est incroyablement élevé.
Monde Numérique :
[22:24] Directeur administratif et financier.
Mickaël Mina:
[22:25] Merci, exactement. Durant les phases de closing, s'il manque un euro, ils vont le traquer, cet euro. Donc, on ne peut pas se permettre de se dire, on va créer tout simplement une IA qui va s'appuyer sur OpenAI et qui va reprendre un moteur généraliste. On ne peut pas se permettre, parce qu'une hallucination dans un outil de création, ça fait sourire.
Monde Numérique :
[22:47] Oui, ça peut coûter cher.
Mickaël Mina:
[22:48] Mais voilà, dans un logiciel de gestion, ça peut coûter un redressement. Voilà donc en effet c'est pour ça qu'on est parti sur une stratégie de fine tuning complet, sur un modèle qui comprend parfaitement tout le jargon de la finance et de la comptabilité et c'est exactement, on est passé par quoi ? Sur 40 ans d'expertise, sur 40 ans de quantité vertigineuse de données vous imaginez et on a fait comprendre ce que c'était qu'un taux de TVA un numéro de SIRET, on va s'adapter aussi aux législations, réglementations fiscales donc typiquement en Belgique il n'y a pas de numéro de SIRET En France, il y en a. Donc, une IA pourrait tout à fait halluciner en disant, attention, il n'y a pas de numéro de sirète. Oui, tu es en Belgique. Donc, c'est normal. Voilà, c'est exactement ça qu'on est en train de faire. C'est qu'on est en train d'adapter le modèle pour mieux adapter aussi les réponses et surtout arriver à une fiabilité à 100%. Ça, c'est super important.
Monde Numérique :
[23:37] Donc, vous avez pris Mistral, modèle ouvert, et vous l'avez entraîné, dompté, alimenté.
Mickaël Mina:
[23:43] Exactement. Durant toute cette phase de test and learn, on a même créé une usine de l'IA, ce qu'on appelle la Sage AI Factory, qui repose sur quatre piliers. D'abord, on va entraîner ces modèles. Donc, c'est justement ça. On a passé toute une batterie de tests à ces données. On lui a fait comprendre ce que c'était qu'une facture, comment on va rapprocher finalement une facture à un point de commande. On va rapprocher les différentes factures de vie, etc.
Monde Numérique :
[24:05] Et ça, ça marche vraiment à 100% ? Parce que j'ai vu des trucs, parfois, c'est un peu...
Mickaël Mina:
[24:09] On ne peut pas se permettre d'arriver à 99%. Sincèrement, Jérôme, on ne peut pas se permettre de se dire qu'on est à 99%.
Monde Numérique :
[24:15] Quand il y a un doute, l'IA pose la question, j'imagine ?
Mickaël Mina:
[24:17] Quand il y a un doute... On évite les hallucinations, donc on dit je ne sais pas faire.
Mickaël Mina:
[24:21] Ça, c'était super important. De la même manière qu'aujourd'hui, si vous demandez un GPT, donc sur Chat GPT, qui est normalement bien spécialisé, sur la prolifération des papillons en Amazonie, mais si vous lui demandez quelle est la recette du gâteau au chocolat de ma grand-mère, il va vous le dire, alors qu'il est pourtant spécialisé sur les papillons d'Amazonie. Vous voyez ce que je veux dire ? En finance et en comptabilité, on ne peut pas se permettre de le faire. Donc, on l'a complètement adapté, on l'a complètement spécialisé et surtout, on évite toutes les hallucinations. Donc effectivement, la première partie, c'est l'entraînement. La deuxième, c'est le déploiement et on va le déployer au sein d'un écosystème qui est contextualisé pour le client avec les différents outils qu'il opère. Le troisième, c'est les opérations et c'est là où je vous parlais évidemment d'éviter toutes les hallucinations. Donc, on a mis en place aussi toute une phase où on va surveiller en permanence les différents retours et les différents feedbacks de nos utilisateurs en temps réel. Et puis, la dernière étape de cette usine IA, c'est l'apprentissage continu. Parce que l'IA n'est pas figée, parce qu'à chaque interaction, le modèle apprend de lui-même pour se dire que demain, évidemment, on a un modèle qui est complètement autonome et surtout autoporté par les utilisateurs. Donc ça, c'est super important. Et on a mis un certain nombre d'années pour y arriver. Donc, on est ravis de le mettre en place aujourd'hui.
Monde Numérique :
[25:35] Et alors, l'interface utilisateur, si on peut dire, ce qui fait le lien entre ce gros cerveau et l'utilisateur, c'est donc le chatbot Sage Copilot, c'est ça ?
Mickaël Mina:
[25:44] Exactement. Plus qu'un chatbot, c'est un assistant productivité augmentée à l'IA. On a capitalisé sur les progrès technologiques qu'il y a sur le marché pour évidemment proposer cette interface conversationnelle à nos utilisateurs dans nos logiciels. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que demain, un utilisateur pourrait tout à fait poser une question en langage naturel, comme s'il parlait à un collègue en lui demandant, pourquoi mon chiffre d'affaires a baissé sur le deuxième trimestre ou alors quels sont mes clients qui sont en retard sur lesquels il y a un retard de paiement ce mois-ci, L'interface conversationnelle va lui restituer une réponse, il va même jusqu'à lui proposer une action, c'est-à-dire veux-tu que je relance ces clients pour toi ? Et donc il va rédiger un mail contextualisé sur la base également d'une donnée historique. S'il sait que ses clients, c'est plutôt un mauvais payeur, il va aussi le prioriser sur les prochains mois en lui disant attention, ce client ne t'a pas payé sur les trois derniers mois ou alors plutôt en retard, veux-tu que je lui envoie un mail en anticipation par exemple ? Donc, on est passé nous-mêmes d'une IA qui, je dirais, qui effectue des actions, à une IA qui suggère, qui anticipe et qui pilote. Ça, c'est super important. Et je pense que c'est ce qu'on a vu aujourd'hui à Vivatech, cette année à Vivatech. On est en train de passer d'une IA qui est plutôt perçue comme une innovation de laboratoire à une IA très concrète au service de ce qui est utile, en fait. Donc, ça, c'est super important. Et je prends complètement ce virage-là aussi.
Monde Numérique :
[27:08] Est-ce qu'il n'y a pas un risque de perte de contrôle ?
Mickaël Mina:
[27:11] Bien sûr qu'il y a un risque.
Monde Numérique :
[27:12] C'est-à-dire qu'on s'en remet à l'IA, de toute façon, elle travaille bien, elle gère, je n'ai pas besoin de vérifier.
Mickaël Mina:
[27:19] Bien sûr, Jérôme, qu'il y a un risque et ce serait vous mentir de dire qu'il n'y a pas de risque, tout est sous contrôle. Mais je pense qu'il faut être extrêmement prudent et c'est la raison pour laquelle chez Sage, un des piliers fondamentaux, c'est l'humain. Alors vous allez me dire, oui, mais comme dans toutes les entreprises, c'est vrai. C'est vrai, mais chez Sage, on s'attache particulièrement à mettre l'humain au centre de toutes les décisions. Je vous parlais tout à l'heure des différentes avancées, des différents progrès qu'on a mis en place.
Mickaël Mina:
[27:44] Typiquement, on est en phase d'expérimentation sur l'agentique EI.
Monde Numérique :
[27:47] Oui, alors j'allais vous poser la question.
Mickaël Mina:
[27:49] Alors justement, là, on est complètement dans... Voilà, donc là, on est complètement... Donc, pour ceux qui nous écoutent, l'IA agentique en français, c'est une sous-famille de l'intelligence artificielle qui a cette capacité d'exécuter des processus de bout en bout avec un grand niveau d'autonomie. Tout simplement, si on veut le résumer en une phrase.
Monde Numérique :
[28:05] Elle peut aller sur le web, faire des choses.
Mickaël Mina:
[28:06] Exactement, elle peut appeler d'autres agents IA et sans intervention humaine ou elle ne, une faible intervention humaine. Donc là, vous allez me dire, il y a un risque, effectivement, je comprends la question, il y a un risque de dérive. On peut tout à fait s'appuyer sur des agents sans intervention humaine. Et d'ailleurs, il y a même des prédictions qui disent, il va bientôt arriver l'entreprise à un milliard de chiffres d'affaires sans aucun humain, ou alors qu'avec un seul humain.
Monde Numérique :
[28:27] C'est ça, Waltman qui dit ça.
Mickaël Mina:
[28:28] Voilà, exactement. Donc, on en est loin. On en est loin. Chez Sage, on a plutôt adopté le modèle semi-agentique. Parce qu'on veut mettre, encore une fois, l'humain au centre de toutes les décisions. Parce qu'on sait, encore une fois, que la finance et de la comptabilité c'est un domaine extrêmement exigeant, qu'on ne peut pas se permettre de faire des erreurs et que surtout un DAF n'importe quel utilisateur qui utilise.
Mickaël Mina:
[28:54] Nos logiciels de gestion et de finance s'il remarque une erreur il ne reviendra pas. Et on le sait on n'est pas sur un outil de création on sait qu'effectivement s'il remarque une erreur au moindre euro près il ne le réutilisera pas et l'adoption du coup sera complètement érodée. Donc, on fait très attention à ça. Et dans le contexte de l'IA agentique, j'en parlais, on est en phase d'expérimentation sous deux ensembles. On parle d'agent autonome. Donc là, on est plutôt en phase de test et de POC. Et puis, d'application agentique. Et là, on est déjà presque en voie de le déployer. C'est quoi la différence entre les deux ? C'est qu'une application agentique va permettre de faire appel à d'autres agents pour donner une réponse qui est contextualisée à un utilisateur. Donc, ça peut être typiquement quels sont, encore une fois, si je reprends la même question, quels sont les clients qui sont en retard et donc, il va faire appel à d'autres agents pour lui dire lesquels sont en retard. Je vais faire appel à un agent qui va te rédiger le mail, donc un agent spécialisé dans la rédaction du mail, un autre agent qui va surveiller que ce client a bien payé et puis surtout un autre agent qui va anticiper et donc prédire ses prochains retards. Et puis, L'agent autonome, là, c'est encore plus loin, puisqu'il va faire également appel à d'autres agents, mais il va utiliser d'autres technologies comme le RAG et d'autres agents qui sont en dehors du contexte du client. C'est ce que je vous disais tout à l'heure. On va faire appel à d'autres paramètres, des milliers de paramètres comme la météo, la crise économique.
Mickaël Mina:
[30:24] Une crise, par exemple, de guerre aussi. Donc, ça peut arriver.
Monde Numérique :
[30:27] Ce que font les concurrents.
Mickaël Mina:
[30:28] Exactement, ce que font les concurrents. et toutes les incertitudes pour ensuite proposer ce qu'on appelle des insights chez Sage, c'est-à-dire des conseils aux clients. Donc, le potentiel, il est énorme. C'est une réalité. Et dans le contexte de la facturation électronique, puisqu'on sait que là, c'est un vrai sujet pour les entreprises, on est déjà effectivement en train de faire appel à des agents autonomes de bout en bout. Donc ça, ça va permettre de gagner un temps fou, en fait, à nos clients. Un agent qui va récupérer la facture, un autre agent, pardon, qui va... Un autre agent qui va extraire les données de cette facture, un autre qui va les analyser, un autre qui va essayer de détecter les erreurs, un autre qui va potentiellement contacter le client ou le fournisseur en cas d'erreur, un autre qui va l'écrire et la comptabiliser. Donc vous voyez...
Monde Numérique :
[31:10] Et un qui va payer.
Mickaël Mina:
[31:11] Voilà, et un qui va payer. Voilà, en bout de chaîne. Donc effectivement, on se rend compte que l'écosystème, il est important, le potentiel, il est énorme et l'utilisateur, il doit quand même rester près de tout ce workflow qui est complexe parce qu'on ne peut pas juste se reposer comme ça sur des agents en se disant ça va le faire. Donc, on y est, c'est du concret. On est sur une technologie au service de l'utile, encore une fois. Et je pense qu'on est sorti aussi. D'ailleurs, toutes les entreprises le font de plus en plus. On sort un peu du
Mickaël Mina:
[31:40] concept futuriste, théorique, pour arriver à quelque chose de beaucoup plus concret.
Monde Numérique :
[31:45] En des ans réels. Merci, Mickaël Mina, directeur IA chez Sage.
Mickaël Mina:
[31:49] Merci, Jérôme.