Episode Transcript
« Safe Pace, le podcast des sports d'endurance, présenté par Hugo Clément.
» Aujourd'hui, nous allons parler d'un fléau qui touche de plus en plus de trailers et de randonneurs, la maladie de Lyme.
Cette maladie très handicapante est transmise par des tics qui peuvent nous mordre pendant nos sorties trail ou nos randonnées.
Quelles conséquences pour les malades ?
Quels symptômes ?
Quels traitements ?
Comment réagir si on se fait mordre ?
Comment réduire les risques ?
Nous allons répondre à toutes ces questions aujourd'hui.
Safe Pace, c'est parti !
Cet épisode de Safe Pace est rendu possible grâce à Oka, partenaire principal de l'Ultra Trail du Mont Blanc et de tous les passionnés de trail.
C'est dans les montagnes que l'histoire d'Oka prend racine.
C'est là qu'est née leur envie de concevoir des chaussures capables d'emmener les coureurs plus loin, plus vite, sur les terrains les plus exigeants.
Pour découvrir leur univers et toute leur gamme, rendez-vous sur oka.com.
Pour ce nouvel épisode de Safe Pace, on est toujours à Chamonix pendant le plus gros événement trail de l'année, l'UTMB.
On est en pleine semaine de l'UTMB et on retrouve évidemment l'équipe d'experts de Safe Pace.
Charlotte Morel, championne Ironman.
Ça va Charlotte ?
Salut Hugo, tout va bien.
Fred Belovre, triple champion d'Europe de triathlon.
Je ne te demande pas si ça va, t'as l'air d'aller super bien.
Hugo Tormento, double champion du monde de swimrun.
Merci d'être là les copains.
Et avec nous pour évoquer ce sujet qui concerne tous les pratiquants de sport en extérieur finalement.
On a la chance de recevoir trois invités qu'on est très heureux d'avoir dans SafePace.
Salut Xavier Thévenard.
Salut.
Bienvenue.
On te surnomme le petit prince du trail, c'est quand même la classe.
Tu as 37 ans et tu as déjà marqué l'histoire de la discipline en remportant entre autres trois fois l'UTMB en 2013, 2015, 2018.
Tu as aussi réalisé le grand chelem de l'UTMB puisque tu as remporté au moins une fois chaque course individuelle, donc l'UTMB, la CCC, la TDS et l'OCC.
Et si tu es là aujourd'hui, c'est parce que tu as dû mettre ta carrière entre parenthèses à partir de 2020, quand tu as appris que tu souffrais de la maladie de Lyme.
Tu vas nous raconter ton combat.
Merci beaucoup d'être là aujourd'hui, parce que je pense que ta voix porte et c'est important de t'entendre là-dessus.
Angelica Olmo, salut !
Bienvenue dans Safe Pace !
Bonjour !
On t'appelle Angie ici, parce qu'on se connaît très bien, on ne va pas faire semblant.
C'est sympa d'avoir fait le déplacement.
Tu es italienne, Angie, tu as 28 ans, tu étais triathlète professionnelle.
Tu as même participé au JO de Tokyo en 2020.
Mais comme Xavier, tu as dû stopper ta carrière professionnelle à cause de cette fichue maladie de Lyme dont tu souffres depuis 2022.
Depuis, tu participes à encadrer le groupe d'entraînement de Léo Berger, le triathlète français qu'on embrasse, dont tu partages aussi la vie.
Merci d'être là.
Et bonjour Claire Delval, vous êtes médecin compétente sur la maladie de Lyme.
Il n'y a pas beaucoup de médecins qui se sont emparés de ce sujet aujourd'hui en France, donc on est content de vous avoir.
C'était important d'avoir quelqu'un qui s'y connaît pour nous éclairer sur cette maladie, qu'on apprenne à mieux la connaître pour mieux la combattre.
Merci beaucoup d'être là.
D'abord, première question à vous Claire, c'est quoi en quelques mots, pour les gens qui ne connaissent pas, la maladie de Lyme ?
La maladie de Lyme, c'est une maladie invalidante, potentiellement invalidante, pas toujours.
Déjà, quand même, pour rassurer, mais potentiellement invalidante, pour le témoigner, qui est transmise par une morsure de tiques, qui transmet une bactérie, cette bactérie c'est Borrelia.
Et pourquoi Lyme ?
Parce que la première fois qu'on a fait le lien entre les symptômes et la cause des symptômes de cette bactérie, c'était dans une petite ville du Connecticut qui s'appelle Lyme, aux Etats-Unis, et c'est pour ça qu'on l'a appelée maladie de Lyme.
Comment on attrape la maladie de Lyme ?
Alors, bon...
vient de le dire, par une morsure de tiques.
C'est la seule manière de contracter la maladie.
Borrelia, oui.
Il y a d'autres infections qui ressemblent comme de coups de dos, qui sont des cousines de la maladie Lyme, qui ne sont pas liées à une borrelia, mais liées à d'autres bactéries.
Et celles-là, on peut les contracter autrement que par une morsure de tiques.
Mais borrelia en particulier, c'est la morsure de tiques qui...
La tique, il faut qu'elle soit elle-même contaminée par une borrelia.
Toutes les tiques ne le sont pas.
qu'elle reste suffisamment longtemps accrochée pour avoir le temps de transmettre la borélia qui est dans sa salive.
On va revenir en détail sur le temps que la tique doit rester accrochée pour transmettre la maladie.
Mais Xavier...
À force de t'intéresser évidemment à cette maladie dont tu souffres, t'es devenu aussi un peu expert sur le sujet.
Quelle forme peut prendre la maladie de Lyme ?
Je crois qu'il y a beaucoup de formes différentes.
Oui, les symptômes sont divers et variés.
On peut dénombrer plus de 90 symptômes pour une maladie de Lyme.
Donc on n'a pas tous les 90 symptômes, mais chez certains, ça peut être des douleurs articulaires.
Moi, je n'en ai jamais eu, par exemple, mais j'ai pu avoir des douleurs musculaires.
Des problèmes neurologiques, des problèmes cardiaques, des problèmes de concentration, donc c'est assez vaste et c'est pour ça qu'on la confond avec d'autres maladies, on l'appelle la grande imitatrice, parce que ça peut être nombreux en symptômes.
Chez toi, ça se manifeste comment cette maladie au début et comment elle a évolué ?
Déjà une fatigue assommante, mais vraiment pour la fatigue, j'ai su l'apprivoiser avec l'ultra, c'est quelque chose qui fait partie un peu du quotidien avec les entraînements et puis les courses, mais là c'était vraiment une fatigue assommante à ne pas pouvoir me lever.
Puis après, j'ai eu des flous dans les yeux, des problèmes de concentration, j'arrivais pas à poser une addition, c'était vraiment l'enfer.
Des problèmes de respiration, comme un asthme à l'effort, de la tachycardie, de la bradycardie.
Et puis le pire, c'était les problèmes neurologiques, où j'avais vraiment pas de force dans les jambes.
C'était impossible de développer des watts sur le vélo, ou de courir une montée, ça m'était impossible.
20 minutes de course à pied, c'était impossible.
Et ça, c'était sur l'année 2023.
C'était vraiment la crise.
Et puis tout doucement, j'ai remonté un peu la pente.
Là, je n'ai plus trop...
le problème de ce niveau-là.
J'ai encore quelques soucis, mais surtout dans l'effort physique.
Mais dans le quotidien, ça me gêne moins.
Vraiment, dans le quotidien, j'ai une vie normale.
Je peux faire mon jardin, je peux faire mon bois, il n'y a pas de souci.
Dans la vie de sportif engagé comme je prétends pouvoir le faire, là, c'est compliqué.
On va revenir évidemment sur le moment où tu as compris que tu étais malade de cette maladie et comment tu t'as fait face à ça.
Angie, chez toi, comment s'est manifestée cette maladie de Lyme ?
C'est un peu les mêmes symptômes que Xavier ou pas du tout ?
Un peu, mais différents.
On a beaucoup parlé.
Pendant tout le temps qu'on s'est eus, j'ai découvert qu'il avait la maladie.
Moi, comme lui, j'ai cherché des solutions qui ne m'étaient pas données.
Mais en fait, avec le temps et avec le traitement qui m'a permis d'être plus lucide sur mes symptômes passés, ça fait beaucoup d'années que j'avais des crises.
que je n'analysais pas comme ça.
J'analysais comment...
Peut-être que c'était pendant une période de règles.
Du coup, je me disais que ça devait être ça.
Par contre, la crise, elle durait beaucoup plus longtemps que mes règles.
C'était surtout de la fatigue assommante, des troubles de mémoire, des troubles de concentration.
Et quand la fatigue assommante arrivait, souvent, c'était aussi une période de règles.
Je ne pouvais pas sortir du lit.
Et ça ressemblait que toutes mes cellules du corps pesaient 10 kilos l'une.
J'arrivais vraiment plus à me lever du lit.
Mais dans le sport de haut niveau, malheureusement, on donne toujours la faute, c'est dans ta tête.
Et contrairement à Xavier, je n'ai pas eu cette perte de force dans les jambes.
Mais j'avais des douleurs nerveuses.
Je ne sais pas comment l'expliquer.
Des douleurs nocturnes où j'ai senti ce mal aux jambes que je ne savais pas.
à quoi le donner et des problèmes cardiaques.
En 2019, j'ai commencé à avoir des palpitations.
Ça a arrêté ma saison en juin et les médecins me disaient que j'avais un problème cardiaque, mais qui en fait était déjà la maladie.
C'est très varié.
Le point commun, j'ai l'impression, quand j'écoute beaucoup de témoignages, les vôtres et ceux d'autres malades, c'est quand même cette fatigue assommante qui a l'air d'être ce qui se manifeste quasiment dans tous les cas.
de la maladie.
Il y a des formes, vous l'avez dit, Claire, qui sont temporaires, avec des symptômes qui disparaissent au bout d'un moment.
Et il y a la forme chronique dont souffrent Xavier et Angie, où là, ça peut durer, quoi ?
Des années ?
Des décennies ?
Si, en fonction, en fait, c'est une pathologie qui évolue.
C'est toujours la lutte entre la compétence du système immunitaire et la quantité, puis surtout la virulence de la bactérie.
Et en fait, en fonction de ça, ça peut durer des mois, des années.
Certaines personnes, après, la forme initiale, c'est souvent quand même un héritage migrant.
On va peut-être en reparler tout à l'heure.
On va en reparler, bien sûr.
Donc, c'est souvent cette forme-là.
Il y a des gens qui vont la présenter, qui ne vont pas l'identifier ou qui ne vont pas la traiter, qui vont la négliger et ils vont guérir, ils ne vont plus avoir de problème.
Et il y en a d'autres qui vont évoluer soit immédiatement.
soit quelques années plus tard, à l'occasion ou d'une grosse fatigue, d'un surmenage, d'un gros stress ou d'une autre maladie intercurrente.
À ce moment-là, ils vont décompenser cette bactérie qui était déjà là depuis des années, mais que jusque-là ne faisait pas parler d'elle.
Après, c'est l'effet cumulatif avec d'autres problèmes qui fait qu'elle va se réveiller et donner tous les symptômes.
Alors si vous nous...
Vas-y Charlotte.
On peut contracter la maladie sans avoir de symptômes et qu'elle apparaisse plusieurs...
Tout à fait.
Donc elle peut être sous une forme dormante quelque part ?
Tout à fait.
D'accord.
L'organisme peut tout à fait maîtriser, après la primo-infection, c'est-à-dire quand on est piqué la première fois, l'organisme peut tout à fait maîtriser la bactérie, il ne se passe pas grand-chose, elle va être endormie, entre guillemets, on dit une forme qui est sainte, c'est endormie, c'est la belle voix dormante, Et puis, X années plus tard...
pour une raison, c'est vraiment quelque chose que j'ai vécu, pour une raison de surmenage ou de maladie intercurrente.
Quelqu'un qui va être traité pour trouver un cancer du sein, on va mettre de la chimiothérapie, derrière elle va décompenser une maladie de Lyme.
Ou bien on va mettre de la cortisone à forte dose pour une polyarthrite, ça y est, la cortisone.
Donc potentiellement, on est des centaines de milliers, des millions à porter cette maladie sans le savoir.
On va juste montrer, si vous nous regardez en vidéo, les amis, on va montrer à l'image à quoi ressemble.
Une tique qui transmet cette maladie.
C'est vous qui nous avez fourni les photos, Claire.
Donc voilà, c'est cette petite bestiole qui se trouve dans les hautes herbes, les fougères et qui se dépose sur votre peau quand vous passez.
Et on va également montrer les images de l'héritème migrant.
C'est, je parle sous votre contrôle, Xavier, Claire et Angie, mais c'est...
cette ces traces rouges qui se dessinent sur la peau à proximité de l'endroit où on a été mordu par une tique ?
C'est toujours centré.
Je n'ai jamais où.
Je n'ai jamais où.
Je ne sais pas, Xavier.
J'ai aussi entendu dire que les héritiers migrants, tu pouvais te faire piquer à l'endroit, mais pour autant avoir les héritiers migrants pas à l'endroit où tu te fais piquer.
Alors, dans ce qu'on décrit vraiment des caractéristiques de l'héritier migrant, justement pour faire la diagnostic différentielle avec d'autres morsures d'insectes, c'est qu'il est toujours centré sur la morsure de tiques.
En revanche...
Tout le monde, enfin, parfois, on ne voit pas, on ne sent pas la tique qui nous pique parce qu'elle fait une petite anesthésie, ce n'est pas douloureux du tout, on ne la sent pas.
On la découvre sur nous quand on découvre qu'on a une tique sur nous.
Mais si la tique a déjà terminé son repas et qu'elle s'est carapatée, qu'elle est partie, on ne va pas le voir, on ne va pas s'en rendre compte.
Et parfois, on peut avoir plusieurs morsures de plusieurs tiques parce qu'on a fait une sieste dans l'air ou je ne sais quoi.
Et puis, il y a une tique qui est déjà partie dans le dos, on va avoir un héritage de ce côté-là.
Un érythème devant, tu vois.
Donc juste pour être clair pour les gens qui nous écoutent, l'érythème, c'est quoi ?
C'est une espèce d'auréole rouge ?
C'est une rougeur.
Au début, ça va être...
Autour de la morsure.
Voilà, autour de la morsure.
Grosso modo, on peut vraiment dire ça.
Autour de la morsure.
Migrant parce qu'il grandit.
Au fur et à mesure des jours qu'il passe, premier jour, deuxième jour, troisième jour, ça va être tout petit.
Et puis au fur et à mesure, il va s'agrandir.
Là, ça ne se déplace pas.
On le voit à l'image, ça fait comme un cercle qui grandit.
Au fur et à mesure que ça grandit, le centre guérit et la peau du centre redevient normale.
Après, ça va faire un anneau.
Au début, c'est une petite tache rouge.
Puis comme après, ça grossit et que le centre guérit, ça fait comme un anneau.
Et ça, c'est le signe qu'on a été mordu par une tique ou qu'on a été mordu par une tique qui nous a transmis Borrelia, cette fameuse bactérie ?
C'est ça, c'est le début de la maladie.
C'est le début de la maladie.
30% des personnes qui sont infectées déclenchent un héritage migrant.
70% des autres personnes, on peut se faire infecter sans déclencher d'héritage.
C'est ce que j'allais te demander.
Est-ce que toi, tu as eu cet héritage migrant ?
Moi, comme NJ, jamais d'héritage migrant.
Tout à fait.
Et est-ce que tu arrives, Xavier, à identifier le moment, le jour où tu t'es fait piquer, mordre, pardon, parce que le terme c'est mordre, où tu t'es fait mordre par cette tique ?
Non, je me suis fait piquer une dizaine de fois dans ma vie, mais je n'ai jamais eu d'héritage ou peut-être que je suis passé à côté, mais j'ai jamais vu ça en tout cas.
Angie, toi ?
Moi, je n'ai jamais eu de tic.
Je n'ai jamais eu de tic sur moi.
Dans ma vie, jamais.
Lui, quand il m'a appelé, il m'a dit « Mais moi, ça m'est arrivé sur les trails.
» Moi, jamais.
C'est vrai qu'en triathlon, on n'a pas souvent...
Mais après, je ne sais pas.
Tu te rappelles d'une période, du coup, tu es arrivée identifiée.
Non, en vrai, au bout d'un moment, j'ai commencé à me casser la tête et je me suis demandé, même si ce n'était pas mon enfance, parce que, je ne sais pas, elle me parlait, quand j'étais petite j'avais des douleurs aux os Aucun médecin ne savait d'où ça venait, mais des nuits a hurlé, ma mère s'en souvient, quand j'avais 8-9 ans, et ça a perduré dans le temps.
Au début, il me disait, c'est en phase de croissance, et là, ces douleurs-là, donnez-lui un paracétamol, ça passe.
C'est vrai que ces douleurs ont toujours passé avec du paracétamol, mais depuis que j'ai commencé mes antibiotiques, ces douleurs se sont arrêtées.
Du coup, je me demande, est-ce que quand j'étais petite, j'avais été piqué ?
J'ai toujours été dans l'herbe, vous, vous avez des enfants.
Vous vous rendez compte que vous n'allez pas contrôler tous les jours s'ils sont dans l'herbe.
C'est un truc naturel d'aller dans l'herbe, dans les prairies et jouer.
Du coup, si je n'ai même pas eu d'érythème, pour un parent c'est aussi compliqué.
Du coup, ça on ne le saura jamais.
Aujourd'hui en France, on estime qu'il y a entre 30 000 et 40 000 nouveaux malades chaque année de la maladie de Lyme.
C'est les chiffres qui sont disponibles.
Ça a l'air de dire que c'est plus.
C'est très compliqué pour repérer ces chiffres, d'autant plus que sur quoi on les compte ?
Sur des déclarations spontanées ?
Ni les médecins, ni les patients.
Comment on détermine que quelqu'un a la maladie de Lyme ?
C'est des tests sanguins ?
Justement, c'est là la grosse difficulté et qui a été une des causes de pourquoi on en parle autant depuis des années.
C'est que de plus en plus, les médecins font des diagnostics qui ne sont plus cliniques, mais qui ont besoin de ce...
confortés par des analyses soit biologiques, soit radiologiques.
Il y a une espèce de dérive où on est de moins en moins cliniciens et de plus en plus paracliniques.
Or, ces tests de prise de sang qu'on fait pour confirmer, entre guillemets, la borreliose, ont une mauvaise, ce qu'on appelle sensibilité.
Je n'aime pas dire fiable ou pas fiable parce que ça ne va pas dire grand-chose.
Chaque test biologique, je vais essayer d'être simple, mais...
est caractérisé par une sensibilité.
Sa sensibilité, c'est quoi ?
C'est si on a 100 malades et qu'on fait le test aux 100 personnes, le test est censé nous répondre 100 fois positif.
Le problème dans la boréliose, c'est qu'on a 100 malades, vraiment on est sûr qu'ils sont malades.
On leur fait aux 100 personnes le test, il y en a seulement 40 à 56% qui sont positifs.
44% au moins, ce sont des négatifs et donc des faux négatifs.
Alors qu'ils sont malades.
Ils sont malades.
Donc c'est très dur de savoir combien de personnes sont concernées.
C'est une des raisons pour lesquelles on a beaucoup dénié aux malades leur pathologie en disant « mais non, vous n'avez pas la maladie de Lyme, regardez le test négatif » .
Mais jamais un test de boréliose, ça a été reconnu par la Haute Autorité de Santé, on ne peut pas écarter une boréliose sur un test négatif.
Néanmoins, en clinique, dans les cabinets, c'est ce qui n'arrête pas de se faire encore.
On ferme les yeux en fait quelque part sur la réalité de la maladie Du moment où un test a été négatif chez un individu ça veut dire qu'on pourrait faire encore plein d'autres tests, ce sera toujours négatif ou le fait d'avoir plusieurs tests on augmente la chance d'avoir un test plus fiable Les tests, ce sont quand on parle de ces tests, c'est les tests sérologiques c'est-à-dire on dose les anticorps produits par l'organisme quand il a rencontré la borélia.
Ces tests-là sont en cours d'amélioration.
La sensibilité s'améliore au fur et à mesure des années.
D'ailleurs, il y avait eu des études, je ne sais plus vous dire exactement quelle année, mais qui avaient pris 20 tests sur le marché, qui avaient testé la sensibilité, et ça variait de 10 à 56 %.
Donc, en fait, tous ceux qui étaient 10, 20, 30, ont été éliminés.
Donc, les tests s'améliorent avec l'âge.
Maintenant, il y a d'autres tests qui sont développés qui ne reposent plus sur le dosage des anticorps.
Et probablement, c'est ceux-là qui vont nous aider plus tard.
Juste, NJ, pour qu'on comprenne bien, pour les gens qui nous écoutent, ce n'est pas forcément évident de s'imaginer, ça ressemble à quoi tes journées ?
Qu'est-ce que cette maladie te fait dans ton quotidien par rapport à une vie normale ?
Déjà, en vie normale, après, j'ai de la chance d'être quelqu'un qui sait se pousser grâce au sport.
Ça s'est poussé dans la fatigue et dans les moments de moins bien.
Mais en vrai, j'ai souvent des journées entières couchées.
Tu dis dans Le Parisien que tu peux dormir jusqu'à 18h par jour.
C'est comme ça que ça m'a vraiment déclenché la maladie.
Jusqu'à là, j'avais des crises.
Et au début 2023, j'ai commencé à faire des nuits défilées à 18h.
On me disait que c'était une grippe longue.
Et moi, à un moment, j'ai dit non, il y a quelque chose qui ne va vraiment pas dans mon corps.
En préparant ma dernière course avant que tout s'arrête, j'avais des vides de mémoire.
Je me réveillais de sieste sans pouvoir faire des phrases complètes.
Et là, j'ai dit, ce n'est pas une grippe longue.
Et moi, je suis une des seules personnes qui a eu la chance de savoir que c'était Lyme.
Parce que j'ai eu un médecin qui me l'a prescrit, mais il ne m'a pas prescrit le bon ou vraiment le plus fiable.
Il m'a prescrit 15 euros.
La chirurgie à 15 euros et ça a résulté positif et j'ai eu de la chance.
Tu dis que j'ai plus la concentration pour regarder un film ou pour lire un livre.
Parfois, j'ai même la sensation d'avoir des hallucinations.
Et avec ça, l'impossibilité de dormir malgré la fatigue.
Et tu supportais plus non plus le bruit, la lumière, les oreilles qui sifflent.
Ça te parle, Xavier, tout ça ?
Bah ouais, clairement, ouais.
Moi, c'est sur l'année 2020, il n'y avait pas de course à ce moment-là, mais...
J'adore le sport donc j'ai fait que de faire du vélo, de la course à pied et puis je me sentais quand même bien fatigué alors je reposais ça sur l'entraînement et puis dès que le confinement s'est ouvert, je me suis dit tiens on va faire le GR20 en off en essayant de s'y rapprocher.
Donc le GR20 c'est en Corse, c'est le sentier de grande randonnée en Corse ?
En essayant de faire un temps en non-stop quoi donc j'ai mis 32h30 et puis derrière j'étais épuisé bon il ya de quoi pas près de 32 heures mais Derrière généralement, plus les semaines passent après un ultra, plus le corps retrouve son homéostasie et puis on récupère, on retrouve les...
Et là plus le temps passait et plus j'étais fatigué et puis après j'avais ces symptômes là qui arrivaient, des flous dans les yeux, des problèmes de concentration et puis c'est là où moi j'ai dit il y a un truc qui se passe, j'ai demandé à mon médecin qu'il me fasse une analyse mais avec tout quoi, je ne savais pas ce que c'était.
Il m'a mis Lyme dedans et ça a répondu positif, il m'a mis sous antibiotiques.
Et là, ça a été assez incroyable parce que tout de suite, ça m'a refait du bien.
D'accord, ça a stoppé en partie les symptômes.
Moi, j'ai des questions très concrètes pour avoir quelques réponses simples pour les gens qui nous écoutent.
On sait qu'il y a de plus en plus de malades.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a de plus en plus de tiques, parce qu'il y a de plus en plus de tiques infectées.
Il y a de plus en plus de tiques infectées, oui, sur les chiffres de l'INRA.
Les spécialistes de l'INRA nous disent que les tiques infectées résistent mieux et en plus, ils transmettent à leur descendance.
La tique qu'on a vue, qui est une grosse tique femelle, quand elle est infectée par Borrelia, elle transmet à ses œufs Borrelia.
Et donc, en fait, les œufs éclosent déjà infectants.
D'accord.
Mais sur 100 tiques, combien sont porteuses de la bactérie en moyenne ?
Ça aussi, c'est des chiffres qu'on a.
Il y a un projet de l'INRA qui s'appelle CITIC, et c'est une étude participative citoyenne où tout le monde peut envoyer, quand il est mordu par une TIC, d'abord signaler avec le téléphone portable, parce que c'est une application gratuite qu'on met sur son téléphone, puis deuxièmement, on peut envoyer les TIC dans une enveloppe pour qu'elles soient analysées.
Et il nous trouve à peu près que 30% des TIC sont infectées.
Mais c'est énorme !
Et environ 15% des TIC sont infectées par Borrelia.
c'est-à-dire qui transmet la maladie de Lyme, et puis il y a d'autres germes.
Donc c'est pas rare, c'est vraiment répandu.
Est-ce que ça a un lien, le fait qu'il y ait de plus en plus de tiques, avec le changement climatique, la destruction de l'environnement, Xavier ?
Moi je suis persuadé, parce que j'ai toujours vécu dans le Jura, à peu près entre 1000 et 1200 mètres d'altitude.
Je me suis roulé dans l'herbe étant gamin avec mes frangins, frangines, on était tout le temps dans les bois.
Jusqu'à mes 10 ans, même 15 ans, j'ai jamais eu un tic.
Et là, il n'y a pas une journée, en me prenant dans les bois où je contrôle, il y en a toujours une qui monte sur la jambe et que je dois enlever.
Donc la prolifération, elle est nette.
Est-ce qu'il y a des zones géographiques qui sont plus à risque que d'autres ?
Est-ce qu'elles préfèrent les climats chauds, ces tics ?
Les climats humides, l'altitude, est-ce qu'il y a une limite en altitude au-delà de laquelle on ne trouve plus de tiques ?
Là aussi, ça recule, enfin les limites reculent, parce qu'on disait chaud et humide, donc on disait printemps, été, automne, et dans les zones tempérées, puis maintenant on trouve des tiques en Afrique, du nord, et on trouve des tiques en Norvège, en Suède, plus on remonte, donc on en trouve partout maintenant.
Les bouleversements climatiques, il ne faut qu'à se répandre.
Et on s'aperçoit qu'elles peuvent très bien résister au froid, elles peuvent très bien résister à la dessiccation.
Donc il n'y a pas d'endroit safe ?
On disait bien sûr le Grand Est, l'Allemagne, l'Est de la France était la partie la plus impactée, mais maintenant qu'on voit les chiffres de CITIC, on voit que toute la France est également atteinte.
Alors je parle sous votre contrôle, Claire.
Quand la TIC commence à nous monter dessus, qu'elle nous mord, elle fait d'abord une anesthésie locale de notre peau, c'est ça ?
Pour qu'on ne sente pas qu'elle nous mord.
C'est ça.
Et elle doit rester combien de temps pour...
nous transmettre la maladie ?
En fait, ça c'est variable aussi.
On estime que plus le temps passe, plus elle se gorge de sang, plus elle a eu le temps de faire son échange et de transmettre la borélia.
Maintenant, il y avait une société savante qui disait au-dessus de 48 heures, 48 heures étaient la limite pour dire il faut mettre un traitement ou pas mettre de traitement.
Puis au final, en clinique, avec mes patients, j'ai appris que ce n'était pas juste.
J'ai vu des patients, je me souviens très bien d'une patiente qui s'occupait de ses chevaux, elle sortait de la douche, elle m'a dit « je suis sûre que je n'avais pas de tique » .
Une heure après, j'ai vu la tique sur mon bras, je l'ai enlevée tout de suite, et néanmoins, elle a été malade.
Donc, cette histoire de 48 heures, je n'en sais rien, c'est une moyenne.
Il y a tous les extrêmes possibles.
Mais ce qui est certain, c'est que la meilleure prévention...
c'est de se débarrasser des tiques le plus vite possible.
Dès qu'on voit une tique.
Dès qu'on voit une tique, il faut l'enlever.
Et c'est pour ça qu'il faut avoir des tire-tiques partout.
Alors, on va justement revenir sur ces fameux tire-tiques, sur les manières qu'il existe de faire de la prévention, d'essayer d'éviter d'être mordu ou en tout cas de réagir correctement.
C'est évidemment important pour tous ceux qui nous écoutent.
D'abord, Xavier, je voudrais revenir sur le post Facebook que tu as publié récemment à l'occasion de la deuxième victoire de l'UTMB.
Dans ce poste, tu racontes ta descente aux enfers, je pense qu'on peut dire ça, je ne sais pas si c'est le bon terme.
Et tu racontes aussi ton combat pour réussir à te faire soigner, parce que ça c'est un point très important.
Je me permets de lire un petit extrait.
de ce texte.
Je te cite donc, « Le temps passe vite.
Avec du recul maintenant, je me pose la question de savoir si gagner ce type de cours, c'est très sain pour sa santé mentale.
» Tu parles de l'UTMB.
« Alors que si j'en avais encore la possibilité, bien entendu que je signerais.
Mais quand tout s'effondre avec un problème de santé, qu'on se retrouve au pied du mur face à des questions existentielles puisque l'énergie, les émotions, les sensations, le plaisir, l'épanouissement sont en berne, le contraste devient tellement énorme entre ces deux situations qu'on se demande si la première en vaut la peine d'être vécue.
Le fait de tomber malade, ça...
t'as fait douter sur le fait que c'était une bonne chose que tu aies gagné l'UTMB ?
Bah ouais, à un moment j'étais tellement effondré, physiquement mais aussi moralement, parce que moi mon plaisir, mon bonheur c'est le sport, et de ne plus pouvoir le pratiquer, et de voir la montagne devant et ne pas pouvoir monter dessus, c'est un crève-cœur quoi.
Et franchement, quand je voyais une image de trail qui passait, c'était hyper dur quoi.
Voilà, donc c'est pour ça que j'ai dit ça.
Aujourd'hui, comme je suis amélioré, que j'arrive à refaire du sport et que c'est mieux, c'est plus atténué.
Tu dis, je lis les mots parce que c'est fort, c'est toi qui les as écrits, quand planifier trois ultras dans une saison est une routine, et qu'on passe à ne plus pouvoir courir 20 minutes, on devient fou, et je pèse mes mots, c'est ce que tu dis.
Il ne s'est pas passé une semaine sur l'année 2022 et 2023 sans pleurer.
Je pleurais d'incompréhension, de frustration, de colère, d'incapacité à bouger comme je voulais.
Comment ça s'est passé avec ton entourage ?
Pour le coup, je suis bien entouré et la famille, les copains, c'était hyper important à ce moment-là.
Et puis, se plonger dans autre chose, avoir des pensées autres que le sport, c'était tout nouveau pour moi.
Donc, il fallait se construire avec ça et puis pas ressasser tout ce que j'ai vécu avant.
Je repartais comme...
dans une vie que je ne connaissais pas.
Il fallait faire le deuil du passé.
C'était hyper compliqué.
Tu continues à regarder les courses de trail, les résultats ?
Ou tu as préféré couper pour te protéger ?
À un moment, j'ai coupé.
Et puis après, plus je me sentais mieux, tout doucement, j'y suis retourné, regardé.
Mais au début, avec les sollicitations, et puis j'ai encore quelques partenaires aussi.
De venir ici sur l'année 2022-2023, c'était hyper dur.
Alors que Chamonix, d'habitude, c'était la fête.
On allait se mettre une grande sortie sur un UTMB ou autre.
C'était génial, c'était vraiment le jour de fête.
Et puis, passer du jour de fête au jour hyper triste, sombre, parce qu'en fait, je ne pouvais pas participer à la fête.
C'était un crève-cœur.
Angie, toi ?
Je suis désolée, je suis hypersensible.
Non, mais c'est normal, parce que toi, t'as...
On l'a dit, t'as participé au JO aussi.
Désolé.
Non, non, mais t'inquiète pas.
C'est un safe place, c'est une safe place.
Donc tu peux y aller.
On est entre copains ici.
Ça me passe.
Trois secondes, ça me passe.
C'est que ça me parle tellement que...
Ouais, je comprends.
C'est dur.
Je suis désolée.
Non, non, mais t'excuses pas, il n'y a pas de problème.
Toi, donc, on le disait, t'as participé au JO en triathlon.
Pareil, t'as vécu ce qu'a vécu Xavier.
Ça te parle, ce qu'il raconte, j'imagine.
Ouais, tu perds toute ta vie quoi Et c'est surtout ça, je pense, pour me comprendre, quoi, et rester dans les personnes qui ne te comprennent pas, parce que malheureusement, c'est une maladie invisible, personne ne l'inconnait, personne ne s'informe, du coup, en fait, je suis désolé.
Non, non, mais t'excuses-moi, il n'y a pas de problème.
Je vais respirer.
C'est vraiment ça qui est important, parce que ce que tu es en train de nous partager...
Je suis désolé.
Et non, au contraire, c'est ce que vivent tous les patients, et le nombre de patients qui se sont écroulés...
Tu m'aimes, moi, ton boss, je n'ai pas pour le lire.
Je suis allée crouler dans le cabinet parce que...
Enfin, on a arrêté de leur dire que c'était dans leur tête et que c'était une maladie imaginaire.
Donc ça, c'est vraiment aussi hyper important.
Je reviendrai à toi, Angie.
Non, mais t'inquiète pas.
Xavier, justement, ce que tu racontes aussi dans ton poste, c'est l'errance médicale.
C'est ce parcours un peu du combattant, de te retrouver face à un flou sur ce qu'on te dit.
la manière dont on t'aiguille, la manière dont on te propose de te soigner.
Oui, et puis moi, j'ai eu de la chance parce qu'en fait, j'ai eu un médecin qui m'a prescrit tout de suite des antibiotiques en me voyant une sérologie positive.
Et puis, j'ai vu que ça m'avait amélioré.
Et puis derrière, c'est reparti en crise.
Je n'ai pas compris.
C'est là où je me suis quand même renseigné petit à petit sur la maladie de Lyme.
J'ai compris que sur ces formes qui peuvent être aussi chroniques, ce n'était pas si simple que ça.
Et les préconisations aujourd'hui de la Haute Autorité de Santé, et...
C'est compliqué parce qu'on ne reconnaît pas le traitement long sur les formes chroniques.
Alors c'est-à-dire qu'en France...
Aujourd'hui on a reconnu la maladie de Lyme sous sa forme longue, mais pour autant on n'a pas reconnu l'efficacité des traitements sur une forme chronique.
Donc les traitements ne sont pas recommandés aujourd'hui, c'est bien ça ?
On a le droit de faire 4 semaines de traitement antibiotique à la phase initiale.
Ça c'est ok, c'est dans les recommandations.
Mais si le patient n'est pas guéri à la fin de ces quatre semaines, on n'est pas autorisé, a priori, à renouveler ou à changer d'antibiotique ou à refaire une deuxième cure, une troisième cure, une quatrième cure.
Et ça, je crois que c'est spécifique à la France, il me semble, parce qu'il y a d'autres pays où ça ne se passe pas pareil.
C'est aussi spécifique à la maladie de Lyme, parce que si demain vous avez une piélonnéfrite, que vous êtes hospitalisé avec une piélonnéfrite, on va mettre un traitement antibiotique.
Et si vous n'êtes pas guéri à la fin du traitement antibiotique, on va changer, on va recommencer.
cogné qui donne 42 fièvres, on est au lit pendant huit jours.
Et j'en reviens, je suis allé aux infectieux à Nice, moi, quand j'ai découvert ce test positif, parce qu'ils m'ont dit « allez aux infectieux, ils sauront vous guider » .
Et ils m'ont donné ce mois d'antibiotiques, un mois d'édoxycycline.
Et ils m'ont dit « c'est dans votre tête, vous êtes guéri » .
Et moi, contrairement à Xavier, j'étais très, très mal, très, très, très, très mal, incapable de...
Ça ne marchait pas.
En fait, je ne pouvais plus rien faire.
C'était empiré fois dix.
Et personne ne m'écoutait.
Je voudrais juste qu'on regarde cette photo, Angie.
Tu la connais, cette photo.
C'est toi qui l'as postée l'année dernière.
C'est ton traitement quotidien contre la maladie de Lyme.
Alors, tu dis qu'il n'y a pas tout, mais il y a déjà beaucoup.
On voit des dizaines de pilules le matin, au réveil, le matin à 10h, l'après-midi, le soir.
C'était des jours, c'était lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche, mais je ne pouvais pas tout faire rentrer dans un jour.
Et du coup, en fait, j'avais tout utilisé la semaine pour la journée.
C'est quoi ces médicaments ?
C'est des antibios, plus des compléments alimentaires pour essayer d'aider tes défenses immunitaires à remonter.
Et aussi à lutter contre la maladie avec des choses plus naturelles.
Et donc ça, ces médicaments, ils sont autorisés en France ?
C'est en France qu'on te les a prescrits ?
Non, c'est en Allemagne.
En Allemagne ?
Oui, non, en France, du coup, après ce mois, et après deux mois, je suis retournée chez le médecin qui me disait que j'étais guérie et qu'en fait, c'était juste dans ma tête.
En fait, j'ai eu de la chance que dans le triathlon, on avait eu un autre.
cas d'un triathlète qui s'appelle Audrey Merle, qui était partie en Allemagne.
Et j'ai contacté une autre fille du triathlon qui s'était fait soigner en Amérique, par contre elle, et qui toutes les deux avait fait une longue antibiotérapie, et qui s'en était sortie.
Et ça, ça a « marché » , c'est-à-dire que ça a diminué tes symptômes ?
C'est compliqué à dire si ça a diminué mes symptômes.
Là, j'ai 100 enfants en amélioration.
J'ai repris du sport depuis 3 mois.
Parce que moi, contrairement à Xavier...
Tu as continué à pouvoir faire un petit peu de sport ?
De mieux en mieux, quoi.
Oui, mais tu n'as jamais vraiment arrêté ?
Oui, en 2023, c'était compliqué.
J'y allais, mais c'est comme si j'allais aux champignons, qu'il y a des champignons.
Moi, j'étais incapable, même de marcher.
Du coup, en fait, là, de reprendre du sport, ça veut dire qu'il y a une amélioration clinique.
Ma mémoire revient, du coup, il y a une amélioration clinique, mais il y a encore des crises.
Du coup, j'ai une question qui me vient, parce qu'on en parle beaucoup.
beaucoup de sport et tout ça, mais si on est des gens du monde civil, comment ça se passe ?
Il y a un arrêt de travail ?
Il y a des gens qui sont en arrêt de travail prolongé, et en fait la difficulté, c'est un arrêt de travail pour une maladie pour certains qui est qualifié d'imaginaire.
Et donc il y a beaucoup...
On continue à dire aux gens que c'est une maladie d'imaginaire ?
Oui, bien sûr.
Vous aviez dit que c'était une cata.
Non, mais en fait, à force de parler de la maladie de Lyme sur mes réseaux sociaux, j'ai des témoignages de personnes, des centaines de...
personnes qui m'écrivent par mois pour dire où tu vas, qu'est-ce que tu fais, ils sont démunis, il y en a qui perdent leur emploi, qui ont des douleurs pas possibles.
J'ai même eu un message hyper touchant il n'y a pas plus loin que deux semaines en me disant, je ne sais pas combien de temps je vais tenir comme ça.
Et là, tu te dis, qu'est-ce que je fais ?
Alors moi, du coup, je renvoie chez France Lyme, je renvoie chez...
France Lyme, c'est l'association des victimes de la maladie de Lyme qui essayent d'accompagner les malades.
Et puis très récemment, j'ai reçu un message d'un infectiologue très rare qui se remettait vachement en question parce qu'il se disait mais là je suis démuni, j'ai un de mes proches qui est touché, j'ai pas été formé, on n'est pas autorisé à délivrer autant d'antibiotiques.
Et là je me suis dit c'est incroyable quoi, en fait des médecins infectiologues, donc c'est leur job de traiter des infections, et bien perdus aussi face à la maladie de Lyme.
Toi aussi t'es allé en Allemagne ?
Je suis encore suivi en Allemagne, on est suivi par la même médecin.
ça veut dire quoi ?
c'est à dire que la France est en retard sur cette question ?
en France j'avais des améliorations ça durait un temps et puis ça replongeait c'était assez oscillant comme ça et puis en fait je voyais bien que dans mon activité physique j'avais encore une belle marge de progression et c'est pour ça que je suis allé là-bas et je ne regrette pas parce que ça m'a encore bonifié qu'est-ce que vous avez envie de dire tous les deux ?
Aux personnes qui nous écoutent et qui ont peut-être la même maladie que vous et qui se sentent perdus, qu'est-ce que vous avez envie de leur envoyer comme message, Xavier ?
Qu'ils se rapprochent des associations de malades, mais malheureusement, je ne peux même pas donner des médecins vers qui se tourner aujourd'hui, parce qu'ils sont très peu, malheureusement, où je leur ai dit, il ne faut pas lâcher, essayez d'aller en Allemagne.
Financièrement, ça a un certain coût.
En plus, tout le monde ne le permet pas.
Mais ouais, c'est un vrai problème de santé publique.
Claire, là-dessus, comment on explique qu'on soit si mauvais en France ?
Les médecins, en fait, les médecins qui se sont formés et qui se sont embrinqués dans la prise en charge des patients Lyme chronique ont été beaucoup inquiétés par les autorités de santé, que ce soit par le Conseil de l'Ordre des médecins, ou il y a des médecins...
C'est-à-dire qu'on leur a reproché ?
On les a suspendus, arrêtés, interdits d'exercice pendant un certain temps.
Il y a deux versants, en fait.
Il y a des médecins qui prescrivaient beaucoup d'antibiotiques, et on disait qu'ils étaient dangereux parce qu'ils prescrivaient trop d'antibiotiques pendant trop longtemps, sans preuve, et donc ils étaient dangereux, donc le conseiller de l'ordre voulait les suspendre.
Puis il y a les médecins qui n'utilisaient pas d'antibiotiques et qui voulaient utiliser de la phytothérapie, de l'aromathérapie, parce que c'était leur pratique ou parce que c'était après un échec d'une antibiotérapie.
Ceux-là aussi étaient inquiétés en leur disant que c'était des charlatans et on ne traite pas des maladies avec des...
Donc quoi qu'il en soit...
Donc en fait, dans tous les cas, c'est débrouillez-vous.
C'est-à-dire, le message aux malades de Lyme, c'est débrouillez-vous.
C'est bien ça.
En fait, il y a beaucoup de médecins qui ont été...
très inquiétés, qui ont arrêté, qui ont plus osé afficher ces pratiques-là, de peur de se faire interdire d'exercice.
Pour dire que j'ai accompagné une copine aux infectieux à Grenoble parce qu'elle avait des symptômes qui finalement, ce n'était pas Lyme.
Mais un médecin, quand elle a demandé d'avoir le test de Lyme de fée, il lui a répondu, de toute façon, si vous avez Lyme, on ne peut rien faire.
Du coup, elle s'est énervée parce qu'elle a moi à côté d'elle.
tout le temps et qui me voit dans cet état et dit mais non là on peut pas dire qu'on peut rien faire en fait et il y a des gens qui sont bien pire que nous deux parce que nous je pense déjà on n'est pas devenu paralysé on connaît jean jean sa vie c'est un personne qui était paralysé qui était sportive qui est devenu paralysé de tout le côté gauche ça fait un espèce de sclérose en plaques mais les gens on connaît aussi Un ami en commun, Anthony Berthoud, le nutritionniste, qui a également eu une forme très grave, qu'on embrasse d'ailleurs.
Donc c'est vrai que c'est quand même des symptômes extrêmement graves, handicapants, et c'est dingue d'avoir cette réponse en face qui est un peu « débrouillez-vous » .
Du coup, peut-être que ça vaut le coup qu'on fasse un peu de prévention, qu'on explique aux gens comment réagir quand ils se font piquer, mordre, pardon, par une tique.
Concrètement, si je fais une sortie trail ou que je vais faire une rando, que je vais aux champignons et que je me rends compte que j'ai...
une ou plusieurs tiques sur le corps.
Xavier, qu'est-ce que je dois faire ?
Comment je dois réagir ?
Moi, de toute façon, à chaque sortie, je m'inspecte.
Et puis après, s'il y en a une, c'est tire-tique, enlever.
Alors le tire-tique, Claire, vous en avez amené.
Qu'est-ce que c'est le tire-tique ?
Est-ce que vous pouvez le montrer à l'image et expliquer ce que c'est pour les gens qui nous écoutent ?
Alors, j'ai ramené des tire-tiques.
les plus fréquents, ce qu'on trouve vraiment en pharmacie, c'est ces petites boîtes de trois tirtiques avec trois tailles.
Parce que là, sur la photo, on a vu la grosse.
Mais la plupart du temps, ce sont des toutes petites, des nymphes qui sont minuscules.
La taille d'une tête d'épingle.
Et alors, ce gros truc-là, ça ne va pas être...
La tique, en fait, elle a pénétré dans la peau avec son rostre.
C'est-à-dire l'espèce de...
Les dents, quoi.
C'est ce qui est devant, en fait.
Et voilà, la trompe qui va pouvoir rentrer ici, qui va s'ancrer dans la peau.
Et en fait, si on le regarde au microscope, ce rostre, il a comme des petites épines, comme un hameçon.
Et si on ne fait que tirer dessus, on va soulever la peau comme ça, on va tirer la peau, mais ça s'accroche très bien, comme un hameçon.
Et donc le rostre va rester à l'intérieur, ce qui suffit à l'infecter ?
Surtout, c'est qu'on a du mal à l'enlever.
Donc en fait, ce qu'il faut, c'est la dévisser.
D'un sens ou de l'autre.
Comme un tire-bouchon ?
Comme un tire-bouchon.
Peu importe le sens dans lequel on va tourner, on s'en fiche, mais le fait de tourner, ça va replier.
les petits émérions.
Et du coup, ça va sortir tout seul après.
Vous pouvez regarder sur Internet, vous pouvez taper comment enlever une tique et vous allez voir, il y a plein de vidéos sur YouTube qui montrent ça, cette différence.
Ça vaut le coup d'avoir ces petits objets, ces petits tire-tiques toujours sur soi pendant une sortie.
Dans tous les sacs.
Il faut en avoir dans le sac à main, dans la trousse de toilette.
Moi, j'en ai partout, partout, partout.
Dans les sacs de trail quand on va faire une course.
Ça, c'est important de le dire parce que je pense que quasiment personne ne le fait aujourd'hui.
Il faut en avoir partout parce que la meilleure prévention, La plupart du temps...
On arrive à la voir quand même, même si elle est toute petite.
Alors on la voit et surtout, une façon de la détecter sous la douche, c'est de passer la main partout.
Et on va sentir que c'est un truc pas normal, on pense que c'est un bouton, on gratte et il ne vient pas.
Et c'est que là, on regarde de plus près.
Tiens, c'est bizarre, il y a des pattes qui bougent.
Si vous nous regardez sur la version vidéo du podcast ou si vous nous écoutez et que vous voulez voir à quoi ressemblent les Tirtiques, je les montre à l'image.
Je ne sais pas, Jules, si tu peux.
Tu peux zoomer.
C'est ces petits ustensiles.
Il y a plusieurs tailles, comme l'expliquait Claire.
L'idée, c'est de passer en dessous du corps.
Passer sous le corps.
Sous le corps, avec le tire-tique, et de tourner.
Et de tourner.
On passe sous le corps de la tique et on tourne comme ça.
Exactement.
Et surtout, pas faire juste comme ça.
Exactement.
Donc ça, à mettre dans tous les sacs de trail et les sacs de rando.
Et on ne met pas d'éther, d'alcool, de je ne sais pas quoi.
De quoi que ce soit avant.
On me disait quand j'étais petit, il faut mettre de l'éther pour enlever une tique.
Non, parce qu'en fait, justement, l'éther va endormir la tique et elle va relarguer, peut-être en s'endormant ou en tombant dans les pommes, elle va relarguer sa salive.
Et en fait, ce n'est pas une bonne idée.
Donc là, aujourd'hui, les recommandations de tout le monde, tout le monde est d'accord, là-dessus, il y a consensus.
On ne met pas d'éther, on enlève la tique le plus vite possible et on désinfecte après.
Est-ce qu'il y a moyen, si on se piquait par une tique, de détecter si elle était infectée par boréga ou autre chose, tout de suite, immédiatement ?
Il y a moyen, mais ce n'est pas intéressant.
parce qu'en fait, alors effectivement avec le petit signalement TIC qu'on a sur son téléphone on peut déclencher en fait un envoi à l'INRA pour que l'INRA analyse la TIC.
Donc alors attends, expliquons précisément ce que c'est ça, c'est-à-dire que je me fais piquer, il y a une application qui s'appelle comment ?
Il y a une application signalement TIC Signalement TIC, on peut la télécharger et on peut dire où et quand on s'est fait piquer Je me suis fait piquer aujourd'hui, puis avec la géolocalisation je suis à Chamonix, on va savoir qu'aujourd'hui à Chamonix, je me suis fait mordre par un TIC Merci.
Et puis, ils vont me demander, est-ce que vous avez récupéré la tique ?
Est-ce que vous voulez l'envoyer ?
Si je dis oui, je vais l'envoyer par une enveloppe.
Et là, ils vont pouvoir savoir si...
Et là, ils vont l'analyser.
Mais, il y a un mais sur l'interprétation de ça.
Quand la tique, elle va être positive, on va trouver une borélia dedans.
Ça ne veut pas dire pour autant qu'elle nous la transmise.
Elle n'a peut-être pas eu le temps de nous la transmettre.
Deuxièmement, même si elle nous la transmise, ça ne veut pas dire pour autant qu'on va être malade.
Il y a à peu près, on considère que...
Alors, les chiffres, c'est pareil.
On va prendre avec des pincettes parce que c'est large, mais 20-30% des gens qui sont bandus qui vont être malades, mais 70% qui vont n'en rien avoir.
Oui, bien sûr.
Ça c'est énorme aussi.
70% des morsures de tiques n'ont pas de conséquences.
Il faut quand même rappeler ça.
Toute morsure de tiques ne donne pas lieu à une maladie de Lyme derrière.
Si on sait qu'elle n'est pas infectée, c'est rassurant aussi.
Non, c'est faussement rassurant.
Je suis vraiment désolée.
Je suis vraiment désolée.
C'est faussement rassuré, pourquoi ?
Parce qu'on va analyser, est-ce qu'elle a une borreliose dedans ?
Mais on ne va pas analyser tous les germes qui existent.
Il y en a beaucoup.
Il y en a beaucoup.
Et on peut dire, ça va, celle-là n'a pas de borrelia.
Oui, mais elle vous a transmis autre chose.
Une babésiose, une bartonellose, autre chose.
Xavier, est-ce que tu as le sentiment aujourd'hui que dans le milieu du trail, cette question de l'âme, de la prévention contre l'éthique, est suffisamment prise en compte, suffisamment défendue ?
Je pense qu'on pourrait être encore meilleur.
Après, moi, j'organise des stages de trail avec un ami, Thomas.
Et je regarde chez les stagiaires, il y en a quand même quelques-uns qui se promènent avec leur pince à tiques, mais je pense qu'on pourrait être encore plus nombreux à en avoir.
Est-ce que si je me fais mordre par une tique, au-delà de l'enlever avec un tiers tique, ça vaut le coup d'aller au cas où, en pharmacie ou chez un médecin, se faire prescrire des antibios de manière préventive pour éviter peut-être que la maladie se développe ?
Tout le monde est d'accord aussi sur le fait que ce n'est pas intéressant.
Balance bénéfice-risque, en fait, il y a plusieurs sociétés savantes qui s'occupent de maladies de Lyme et ils ne sont pas d'accord sur les traitements, sur les traitements longs et tout ça.
Mais là, tout le monde est d'accord sur le fait qu'on ne met pas systématiquement toute morsure de tiques sous antibiotiques en prévention.
Pourquoi ?
Parce qu'on n'est pas sûr du tout d'être efficace.
Et si on devait mettre, il y a quand même des gens qui sont mordus 10 fois par été, et si on devait les mettre tout l'été sous antibiotiques, Merci.
on va avoir un effet délétère sur leur microbiote.
Et ce qui dit effet délétère sur le microbiote, dit moins bonne immunité.
Donc au final...
C'est le serpent qui se met en la queue.
Voilà.
Au final...
Et aussi antibiorésistant.
Et ça favorise, en plus, quand on utilise beaucoup, beaucoup d'antibiotiques, et c'est, je pense, la crainte des infectiologues qui ne veulent pas avoir trop de prescriptions d'antibiotiques, c'est que notre microbiote est perturbé et des gènes de résistance s'installent et le microbiote les transmet à d'autres bactéries après.
Oui, mais plus on...
mutualise avec différentes molécules, moins on crée de résistance.
Si on a une, deux, trois, voire quatre.
Et puis, il y a choisir les bonnes molécules.
On sait qu'il y a certaines molécules, comme la moxicilline, qui est souvent le premier réflexe de prescription des médecins traitants.
Ce n'est pas la bonne idée parce que ça favorise plus de résistance et que ce n'est pas très actif sur des bactéries qui sont intracellulaires, comme la borélia.
Est-ce que les produits qui existent pour repousser les tiques, un peu comme l'antimoustique qu'on se met, ça marche ?
Très bien.
Ça marche ?
Ça dépend, je ne le connais pas celui-là.
Je ne veux pas faire de pluie pour une marque.
Expliquez-nous ce que c'est, ce que vous avez dans la main.
C'est juste un spray avec des huiles essentielles dedans.
En fait, pourquoi j'ai envie de dire ça marche ?
Alors plus ou moins, en fonction.
Parce qu'on sait qu'on a des gens qui ont une odeur, c'est des aimants à tiques.
Ah bon ?
Ah bah oui.
Tout le monde n'attire pas les tiques de la même façon.
C'est quoi qui fait que les tiques sont attirées ou pas ?
Ce qu'on dégage comme odeur corporelle.
En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que la tique, elle n'a pas de dieu pour repérer sa proie.
Elle sent.
Elle a des capteurs.
Et en fait, elle va capter une certaine odeur qui va être transmise.
C'est une onde.
Et en fait, elle va être attirée par ce truc-là.
Et comme ça, ça sent vraiment.
et que ça modifie vraiment l'odeur corporelle, ça va perturber ce message d'attirer la tique sur une preuve.
On ne fait pas de promo pour une marque, mais c'est des produits qui existent en pharmacie.
C'est les mêmes qui repoussent les tiques, les moustiques et tout ça.
L'odeur est forte et ça marche.
Xavier, la question...
Quand on a dit aux gens qu'on te recevait dans le podcast ici à Chamonix, tout le monde m'a dit, il faut que tu demandes à Xavier quand est-ce qu'on va le revoir sur...
L'UTMB, quand est-ce qu'on va le revoir sur une course de trail ?
Il nous manque, on a envie qu'il revienne, etc.
Évidemment, c'est des gens qui t'admirent, qui sont bienveillants.
Qu'est-ce que tu réponds là-dessus ?
Est-ce que tu as l'espoir de pouvoir t'aligner à nouveau sur des courses ?
En tout cas, je ne peux faire qu'une améliorée.
Mais là, cette année, j'ai remis deux dossards, mais j'y suis allé tranquille.
Parce que de toute façon, les médecins en Allemagne ne m'ont pas donné les feux verts.
Il y a encore des traces sur les analyses, mon typage lymphocytaire n'est pas top, c'est tout ce qui est système immunitaire, et puis il y a encore des sérologies qui sont positives.
La tendance elle est plutôt bonne, mais en fait ça c'est la grosse interrogation, quand ?
J'ai aucune idée.
Je ferai tout pour m'en sortir et puis parvenir un jour à pouvoir faire un ultra, mais j'ai aucune certitude, et puis je ne vais pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, parce que vu comme c'est compliqué, c'est sans arrêt un ascenseur émotionnel.
Au début, on ne comprend pas ce qu'on a, on peut être mieux, et puis se dire, ok, c'est fini, je passe à autre chose.
Puis là, c'est la phase de crise, c'est l'expérimentation que j'ai eue en début d'infection, où tu es euphorique quand tu es à peu près bien, et puis quand tu es dans la phase de crise, tu es en bas.
Et là, tu te dis, en fait, c'est difficile après de se...
donner un objectif en ayant connu ça parce qu'en fait, ça fait mal au moral de toujours se dire là c'est ok, c'est ok, puis en fait non, c'est jamais.
Le temps me le dira, mais moi, en tout cas, je ferai tout pour refaire au moins un ultra.
Oui, ça, c'est clair.
Et quand on s'en sort, on peut rechuter ?
Quand on s'en sort, alors après, ça dépend.
Je ne pense pas.
En tout cas, là, avec le suivi en Allemagne, les valeurs qu'on suit, elles sont claires et nettes.
À partir d'un moment, quand on est dans ces valeurs-là, c'est rentré dans le vert.
C'est OK, c'est validé pour la vie.
Et je peux citer l'exemple d'une amie qu'on connaît avec NJ, qui s'appelle Jeanne Salvi, qui a été paralysée en fauteuil roulant, paralysée de son bras aussi.
À cause de Lyme ?
À cause de Lyme.
Qui est allée en Allemagne, elle a failli y rester.
Ils lui ont commencé à lui mettre des antibiotiques en intraveineuse.
Tout doucement, elle a pu se remettre debout.
Elle aurait dû apprendre à marcher.
Après, elle a retrouvé aussi la mobilité de son bras avec...
Je connais les doses parce qu'elle m'a fait voir les antibiotiques par professeur Trouillasse et elle a pu retrouver l'usage de son bras, réapprendre à écrire.
Et aujourd'hui, elle fait des trails et puis elle est complètement rétablie.
Et ça, pendant des années de traitement.
Et puis là, aujourd'hui, elle se dit guérie, elle n'a pas refait une rechute et ça donne beaucoup d'espoir.
Mais quand on voit les doses qu'elle a eues, il faut s'accrocher.
NJ, même question que pour Xavier, est-ce que tu as l'espoir ?
De reprendre le triathlon, déjà tout court de reprendre le triathlon et peut-être un niveau élevé dans les années qui viennent ?
En fait, la même réponse que Xavier.
Si c'est pour moi, je te dis, si c'est demain, sauf qu'on a eu tellement cette montagne rousse émotionnelle qui a été tellement lourde.
Parce que franchement, il y a eu des moments où il me disait là c'est bon, ça remonte.
Sauf que moi, lui il remonte un peu des fois son système immunitaire.
Moi je suis mono.
Deprimé, depuis deux ans, deux ans et demi maintenant.
Ça ne remonte pas, ça n'est jamais remonté, je n'ai jamais eu l'espoir que ça remonte.
En fait, mes analyses vont mieux, on voit moins la bactérie active dans mon corps, mais on voit toujours la bactérie endormie, chose qu'on n'a pas trop parlé.
En fait, du coup, la bactérie tend à se cacher dans nos cellules.
Et c'est plus difficile à extirper.
Et en fait, si tu n'as pas de défense immunitaire, tu arrêtes tes antibiotiques, la maladie est endormie, elle reprend le dessous et c'est fini à nouveau.
Est-ce que je peux te demander, Angie, mais ça va aussi pour Xavier, quel impact ça a sur ton entourage, sur tes proches, notamment sur ton compagnon Léo ?
J'imagine que c'est aussi...
Une épreuve pour les aidants, les proches des malades ?
Moi c'est surtout Léo, parce que c'est le seul qui me voit tous les jours.
Tu sais quand on est touché par une maladie pareille, je ne sais pas si Xavier c'est pareil, mais moi j'essaie de me faire force tous les jours et pas montrer trop quand j'ai mes gros coups de mou.
Peut-être de montrer plus à la maison qu'à dehors pour aussi me pousser à faire des choses.
Vraiment, il y a des moments où si je ne me pousse pas, je ne peux rien faire.
Du coup, j'essaie de continuer de vivre.
Je sais que pour Léo, ça lui a coûté beaucoup.
Il commence à me parler maintenant.
Il n'arrive plus à accepter de me voir malade.
Il n'arrive plus à accepter de partir faire du sport.
Parce que j'ai eu la chance d'être avec quelqu'un qui a connu une façon de triathlon professionnelle.
Et je pense que ça lui déchire le cœur tous les jours de partir de la maison et me laisser là, sachant que c'est ma vie depuis que j'ai 10 ans.
Du coup, je retrouve bien Xavier que quand on te lève, tout est dit.
Est-ce que c'était mieux que j'ai fait mes études et que je ne vivais pas ces endorphines qui nous donnent le sport, ce bonheur, quand tu es incapable de le refaire ?
C'est terminé.
Tu n'as plus tout ça.
Du coup, déjà, imaginez-vous quand vous avez une blessure, comment on déprime.
Déjà, en étant juste amateur, c'est sûr.
Deux mois et demi.
Et quand tu trouves une maladie que personne ne connaît, qui n'est pas vraiment courable, et qu'ils te disent, ça va faire six mois, et après six mois, ah non, il faut encore six mois, et après six mois, ah non, il faut encore.
Et là, c'est vrai que des fois, quand on reçoit les analyses, je pense que tout peut concorder.
Et que tout pensait aller mieux et que ça va moins bien, et là tu te dis encore combien de moins ?
La question que tu te poses, c'est encore combien ?
Parce que ça va de deux en deux, entre analyses.
Mais moi maintenant j'ai peur de voir mes analyses en fait.
Parce que je me dis, j'espère que ça va mieux, mais en fait c'est jamais aller mieux du coup.
Xavier, sur la question de l'entourage ?
C'est important d'avoir un bon entourage.
Et puis après aussi de faire comprendre, parce que ce n'est pas simple, ce n'est pas connu.
Personne n'est formé à ça, même les médecins.
Donc de faire comprendre à l'entourage ce qu'on vit et puis de leur faire comprendre vraiment comment ça se passe, c'est encore un autre combat en plus.
C'est pour ça que des fois, juste se parler, je trouve même quand on s'était vu avec Anthony, Moi, juste de parler avec quelqu'un, voir quelqu'un qui comprend.
Je sais que des fois, quand je suis moins bien, j'appelle Xavier, je dis « Toi, comment tout va ?
» C'est vrai qu'on a beaucoup échangé.
Puis encore hier, j'étais avec Anthony au téléphone, Anthony Berthoud, par rapport à ça.
Ça, c'est important d'avoir cette cohésion entre malades.
Vous êtes les seuls à pouvoir vraiment comprendre.
Il n'y a que des malades qui peuvent comprendre.
Je pense qu'il y a...
D'où l'importance, on le rappelle, si vous nous écoutez, les amis, et que vous vous reconnaissez dans le témoignage de Xavier et Angie, l'importance des associations de malades, notamment France Lyme.
Ils ont un site internet, donc n'hésitez pas à vous y rendre.
Ça va être l'heure de l'interview tapis.
C'est une tradition dans SafePace.
Je précise évidemment qu'on a demandé l'accord de Xavier avant de lui imposer cette interview tapis.
Interview tapis en trithérapie.
t'as accepté de te prêter au jeu donc l'interview tapis avec Xavier Thévenard et Angie qui va être là pour soutenir mais si jamais tu veux courir aussi y'a pas de soucis on peut s'arranger j'ai pas proposé un relais c'est tout de suite l'interview tapis ça va Xavier ?
impec, c'est pas trop ton truc les tapis de course toi t'es plutôt un gars des sentiers C'est ça, le sentier du Jura.
Mais bon, merci de te prêter au jeu.
Donc, le concept, il est très simple.
À chaque mauvaise réponse, j'augmente la vitesse.
Très bien.
Jusqu'à ce que tu craques.
Et comme ça va que jusqu'à 19, ce tapis, c'est pas notre tapis habituel, je peux aussi mettre de l'inclinaison.
Il n'y aura pas de réveil jusqu'à 19.
C'est parti.
Première question.
Les populations d'insectes ont diminué en Europe à cause du changement climatique et des pesticides, notamment.
Dans quelle proportion, ces 30 dernières années, on a perdu quelle proportion d'insectes ces 30 dernières années en Europe ?
70% C'est entre 70 et 80% d'insectes volants.
Bonne réponse.
C'est accepté.
En grande partie à cause des pesticides utilisés dans l'agro-industrie.
C'est énorme et c'est très inquiétant.
Quelle espèce invasive venue d'Asie menace les ruches françaises ?
Le frelon asiatique.
Bonne réponse.
Le frelon asiatique qui se met devant les ruches et qui bouffe les abeilles.
Et donc c'est une catastrophe pour les apiculteurs et les abeilles.
La maladie de Lyme tient son nom d'une ville américaine, on l'a dit dans le podcast.
Dans quel état américain se trouve-t-elle ?
Ouais, tu peux rajouter un kilomètre.
Le Connecticut, allez je suis impitoyable, je rajoute un kilomètre.
A l'échelle mondiale, quelle est l'estimation de la population qui a déjà eu la maladie de Lyme en proportion ?
La plupart du temps sans symptômes.
Chut !
Mais c'est pas possible !
C'est ces invités qui aident le...
On est à 1 km heure.
14,5% selon l'estimation, on monte à 20% en Europe centrale.
Allez, on monte à 12 km heure.
Tu es surnommé le petit prince du trail.
En quelle année a été publié le célèbre livre d'Antoine de Saint-Exupéry ?
Le petit prince.
Il est de date là ?
Non.
1937 ?
1943.
T'étais pas très loin !
Non mais non, je vais lui laisser !
Non non, je ne lui laisse pas !
J'allais dire 44 mais je me suis dit je ne sais plus quoi...
Et de toute façon il t'a donné pas bon !
Je ne sais pas pourquoi à chaque fois que je fais ça, tout le monde veut que je sois sympa, mais le principe de l'interview tapis est très simple.
Angelica, ici présente, partage sa vie avec Léo Berger.
Triathlète français qu'on adore.
Quel a été son résultat au JO de Paris ?
Taille de bronze.
Bonne réponse, médaille de bronze.
Lors de ta dernière victoire sur l'UTMB en 2018, peux-tu me donner le temps de la première femme qui était Francesca Canepa ?
Eh bien, 25h26.
Ah, t'es pas loin, 26h03.
Ça augmente quand même.
Tu m'aurais dit 26h.
Non, il m'aurait dit 26h, j'aurais pas augmenté.
Là, on passe à 14 km heure.
Quel trailer raconte son...
Un ultra-terrestre, un ultra-trail à La Réunion, dans son documentaire ultra-normal, qui vient d'être diffusé sur les réseaux sociaux.
« Bah, Mathieu Blanchard !
» Non !
Alors c'est vrai que Mathieu Blanchard fait des documentaires, mais là c'est Clem qui court !
« Ah oui, Clem qui court !
» Clément Deffren !
On augmente !
On passe à 15 km heure !
« Allez, vas-y !
» Je te rappelle que tu peux arrêter quand tu veux, Xavier !
Et je vais bientôt être obligé de mettre de la pente, parce qu'il va arriver à 19 km heure dans pas si longtemps !
« Je ne lâche pas, hein !
» Quel trailer !
C'est fait connaître par son mantra la vie est dure mais pas la nôtre.
La théorie tienne.
Bonne réponse.
Tu es né à Nantua dans l'Ain.
Quelle est la longueur du lac de Nantua ?
4 km.
2,7 km.
C'est quand je fais les arrière-cours.
On passe à 16 km heure.
Quelle course de swimrun va se dérouler dans le lac de Nantua dans quelques semaines ?
le kilo non la gravity race qui était auparavant dans le lac d'annecy et qui va désormais pas attendre et il est de nantes pas le gars on passe à 17 km heure qui a remporté les 90 km du mont blanc cette année chez les femmes bonne réponse qu'elle a été quelle est la longueur du tunnel du mont blanc qui relie la france à l'italie et qui va être très emprunté ces jours ci pendant l'UTMB.
La longueur ?
La longueur du tunnel du Mont Blanc.
Allez, c'est accordé, 11,6 km.
En ce moment, on est en pleine TDS, trace des Ducs de Savoie.
En quelle année la Savoie a-t-elle été rattachée à la France ?
1867.
1860.
On augmente, on passe à 18 km.
On est avec le Royaume d'Espagne.
On est à 18 km heure, Xavier, je te rappelle que tu peux arrêter quand tu veux.
Et bientôt, je vais devoir ajouter de la pente.
A quelle course de l'UTMB, le trailer Mathieu Blanchard ?
participera-t-il cette année ?
Oui, si, si, si.
Aucune, c'était un piège.
Il a expliqué se préparer pour d'autres objectifs.
On augmente, on augmente, on passe à 19 km heure, Xavier.
Je vais devoir bientôt mettre de la pente.
19 km heure, tu peux arrêter quand tu veux.
Le 15 août dernier a eu lieu la première édition de l'ultra montée des Posettes.
Sur quelle commune de la vallée de Chamonix a-t-elle eu lieu ?
Valorcine.
Valorcine, c'est une bonne réponse.
Qui est le maire de Chamonix ?
Eric Fournier.
Bonne réponse !
Sur quelle course l'assistance n'est pas autorisée pendant l'UTMB ?
La CCC, l'OCC ou la TDS ?
L'OCC.
L'OCC, bonne réponse !
Qui est Grégoire Gibault ?
Un trailer.
Grégoire Gibault ?
Non, c'est pas un trailer.
C'est un kinésithérapeute, qui s'appelle Major Mouvement sur les réseaux sociaux.
Je mets un peu de pente, peut-être que je vais le faire lâcher.
Je mets 1,5...
2% de pente !
Quelle femme a remporté la dernière édition du Thor des géants en 2024 ?
Tu me fais peur là !
Le mec il lâche pas !
Je sais pas !
Katharina Hartmut !
J'augmente là !
On passe à 3% !
Quel est le record du monde officiel du 100 km sur route ?
7h15 !
6h05 et 40 secondes !
Bravo !
Putain, là on reconnaît le petit prince du trail.
On reconnaît ce qui a fait la réputation de Xavier Thévenard, c'est-à-dire le mec qui ne lâche jamais, quitte à aller dans une zone de danger.
Tu peux te rapprocher Xavier, qu'on te voit à l'image.
Ça va ?
Oui, vivement la prochaine !
Bon, écoute, en tout cas, ce que ça nous apprend, c'est quand même que t'es en forme.
Il y a du mieux, beaucoup mieux qu'il y a quelques années.
Et on te souhaite, je pense, tous et toutes, de revenir au trail quand tu pourras et surtout d'aller mieux.
Et merci de prendre la parole, Xavier, sur ce sujet de Lyme, parce que tu as fait beaucoup, je pense, en France pour donner un peu de notoriété à ce sujet et faire que les malades se sentent moins seuls.
Merci aussi, Angie, pour ta parole très forte, pour ton émotion.
Et merci d'avoir été là aujourd'hui.
Tu es venue exprès pour nous, donc ça nous fait très plaisir.
Et c'était super de t'avoir.
Et merci beaucoup, Claire.
Pour ton expertise, on a appris plein de trucs et je pense que c'est important de démocratiser ce sujet de la maladie de Lyme.
Merci à notre partenaire Oka qui nous permet de réaliser cet épisode.
Merci l'équipe et puis moi je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode de Safe Pace.
Bye bye !
