Episode Transcript
Je suis sûr que vous aussi, ça vous est déjà arrivé de courir un peu plus que prévu pour avoir un chiffre rond sur votre montre ou votre Strava, quitte parfois à tourner quelques mètres sur vous-même sur le trottoir sous le regard interloqué des passants.
Je plaide coupable.
Certains vont même jusqu'à donner leur portable à quelqu'un d'autre.
pour améliorer leurs stats sur les réseaux sociaux ?
Oui, oui, ça existe.
Alors l'irruption des montres dans les sports d'endurance nous a-t-elle rendu fous ?
Quelles conséquences pour l'entraînement et pour les blessures ?
Est-ce vraiment indispensable de courir avec une montre au poignet ?
On va répondre à toutes ces questions aujourd'hui.
Safe pace, c'est parti !
Comme chaque semaine, on retrouve l'équipe d'experts de Safe Pace, Hugo Tormento, double champion du monde de swimrun, bonjour monsieur, Fred Belauvre, triple champion d'Europe de triathlon, on n'en jetait plus, bonjour Fred, et Charlotte Morel, la meilleure d'entre nous, championne d'Ironman de triathlon longue distance, salut Charlotte, merci d'être là comme toutes les semaines.
Et avec nous, pour parler de ce sujet, des montres qui nous rendent inzin, deux invités qu'on est très heureux de recevoir, salut Jeff.
Salut.
Jeff Lastonet, tu es athlète professionnel.
Mais aussi kiné à côté.
Donc, est-ce qu'on peut dire vraiment que tu es athlète professionnel ?
On va dire athlète professionnel à moitié kiné.
J'ai été athlète professionnel.
Ça veut dire que du coup, je vivais de ça.
Et maintenant, je suis un petit peu plus vieux, plus expérimenté.
Et du coup, je suis kiné.
Et par contre, je pense que ma passion pour le sport n'a fait que grandir toutes ces années.
Du coup, beaucoup plus investi que quand j'étais professionnel même.
Alors, à l'origine, spécialiste du 800 mètres.
Tu performes aujourd'hui sur route, notamment sur la distance semi-marathon avec un record de 1h04.
Et tu viens de remporter le semi-marathon de Biarritz.
Tu es aussi entraîneur et tu n'en peux plus, je crois, de la place démesurée que prennent les montres et les stats dans la vie des coureurs.
On va en parler ensemble.
Tu vas pouvoir vider ton sac aujourd'hui, Josh.
J'espère vraiment que les athlètes que j'encadre vont regarder.
C'est pour vous.
Le deuxième invité qu'on est très heureux de recevoir, c'est Joseph Mestralet.
Bonjour Joseph.
Bonjour.
Bienvenue dans SciFace.
Tu te définis comme un data scientifique.
Tu utilises les données au service de la performance des athlètes.
On te surnomme d'ailleurs Monsieur Data.
Et tu vas nous raconter pourquoi l'analyse poussée des données peut être utile et comment ces données révolutionnent notre manière d'aborder l'endurance.
Merci à tous les deux d'être là.
Pour commencer, je remarque qu'on a tous ici...
Ah ben non !
Eh ben non !
Ah non t'as pas ta montre Alors attends J'avais écrit On a tous une montre connectée Au poignet Mais non Hugo n'a pas De montre connectée Donc moi j'en ai une Fred en a une Charlotte en a une Joseph en a une Mais Hugo t'as pas mis ta montre C'est juste pour faire genre Mais Jeff il a une montre Alors j'allais y venir Jeff tu n'as pas Une montre connectée Tu as une montre A l'ancienne A aiguille Alors que t'es Un coureur De haut niveau Qu'est-ce qu'il se passe ?
Et bien là Tout de suite, je ne cours pas.
Du coup, je n'ai pas particulièrement besoin d'avoir une montre connectée, une montre de sport.
Je n'ai jamais porté ma montre de sport en dehors du sport.
Tu n'as pas le besoin d'avoir en permanence sur toi une montre connectée ?
Non, et très récemment, j'ai découvert en plus l'univers de l'horlogerie et je trouve ça passionnant.
Et donc là, actuellement, sur moi, j'ai une montre vivante.
Si je ne bouge pas, elle...
Une montre automatique.
Voilà, une montre automatique.
Et du coup, je trouve que c'est quelque chose d'aussi aspirant que le sport.
On va reparler de ton rapport aux montres connectées.
Qui est en forme en ce moment selon sa montre ?
Très stressée.
Parfait.
Passable.
Alors attends, moi ça m'a dit bon score de sommeil, préparation à l'entraînement élevée.
J'ai une préparation à l'entraînement élevée.
Ça vous dit pareil ?
Moi, c'est samedi.
Je suis en récupération samedi.
Ok.
C'est bon, le podcast va bien se passer.
Vas-y, donne tout.
C'est quand même devenu un objet incontournable dans la vie des coureurs.
Selon une étude de Campus Coach, 97% des coureurs utilisent aujourd'hui une montre connectée dans leur pratique.
Comment on explique que ce soit devenu aussi incontournable, Joseph ?
Moi, je vais avoir un avis un petit peu biaisé aussi.
Je pense que...
Tout autour de cette table, on a pas mal de passionnés de sport.
Moi, j'ai une deuxième passion dans la vie, c'est les mathématiques.
C'est quand même un peu moins commun.
Mais justement, c'est comment est-ce qu'on peut utiliser ces données pour s'objectiver, se monitorer et réussir à avoir des données intéressantes, mieux que le ressenti, pour justement aller plus loin dans sa pratique et savoir le nombre de kilomètres, les BPM, etc.
Mais c'est devenu un doudou pour les coureurs, un peu, la montre Fred.
Oui, je pense que maintenant, quand on a passé la montre, on se dit, je ne peux pas aller courir, je ne peux pas aller m'entraîner.
Parce que d'une part, il y a l'instant présent pendant l'entraînement, mais il y a aussi l'aspect statistique, l'aspect réseau, partage.
Il y a beaucoup d'éléments qui rentrent en compte quand on parle d'utilisation de montre.
Après, en dehors de l'entraînement, c'est vrai que je rejoins un peu Jeff.
Quand on a coupé l'effort, finalement, on peut aussi couper avec ses mesures.
On n'a pas besoin d'avoir autant de statistiques que ça.
Pendant l'entraînement, c'est vrai que c'est important de suivre son état, son volume, etc.
On a vécu un drame hier dans l'équipe, puisque Bastien, qui est derrière la caméra là-bas, sa garmine a lâché hier soir.
Allez, dure !
C'est un moment très difficile.
Du coup, il est allé courir ce matin sans sa montre.
Je pense qu'il a très mal vécu sa séance.
Je te comprends, j'ai malheureusement oublié ma montre ce matin à la piscine.
C'est juste que tu l'as oubliée, c'est ça !
emprunter celle de Charlotte et le premier truc que j'ai pensé c'est un merde les stats sur l'application Coros A quoi ça sert Jeff concrètement de courir avec une montre ?
Qu'est-ce que ça nous apporte ?
Ah oui !
De ce qui va être différent d'une montre normale, du coup ça va être toutes les body metrics BPM, variabilité dénivelé, tout ça Et moi, c'est tout ce que je ne vais pas regarder sur le retour de mes athlètes.
Du coup, je pense que mon cher collègue sera plus à même de répondre à quoi ça sert.
Voilà, si vous ne l'aviez pas compris, nous avons deux camps dans cette émission.
Nous avons le camp anti-montre avec Jeff et le camp pro-montre avec Joseph.
Donc, je pose la question à Joseph.
Qu'est-ce que ça nous apporte concrètement de courir avec une montre, Joseph ?
Moi, je pense que je différencierais quand même les athlètes de haut niveau et les athlètes amateurs.
Et je pense que pour les athlètes amateurs, je suis carrément dans le camp de Jeff parce que on peut...
Il y a certains amateurs qui vont un peu trop loin dans la donnée, alors qu'en fait, il faut être très pragmatique.
En fait, on fait surtout ça pour le plaisir.
Pour les élites, c'est totalement différent.
Et effectivement, moi, je préconise la montre, mais aussi tous les capteurs de fréquence cardiaque.
On en parlait de Doudou, mais moi, je l'ai au quotidien justement sur moi pour en fait monitorer, même pendant l'entraînement, la récupération.
Et après, nous, on a une quinzaine de capteurs supplémentaires qu'on rajoute sur l'athlète.
Ça sert à quoi ?
On va en parler de toutes les recherches.
ultra poussé que tu fais, on va y venir parce qu'il y a des trucs vraiment de inzin que tu fais faire aux athlètes que t'accompagnes et tu vas nous raconter.
Pour rester dans le thème de la technologie, on a demandé à ChatGPT de nous faire un résumé des études qui existent sur la dépendance des sportifs aux montres connectées.
Et voici la réponse de l'intelligence artificielle.
Les données d'entraînement sont perçues comme des outils de progression, de validation et de reconnaissance et elles stimulent à la fois l'ego, la discipline et la curiosité scientifique pour beaucoup.
Cela devient une forme de dépendance technologique positive jusqu'à un certain point.
Fin de citation.
Arrêtons-nous sur le premier point.
Les montres seraient un outil de progression.
C'est une forme de progression, mais surtout, je pense que la montre, elle sert aussi à pas trop en faire.
C'est peut-être le plus gros problème des sportifs actuellement.
Et justement, ça permet de monitorer, donc d'essayer de pousser l'athlète à faire ses 50 ou 60 km par semaine, mais surtout ne pas trop en faire, et notamment pour respecter la progressivité.
Donc ça, c'est vraiment un bon outil de maintien aussi.
Donc, ils ne poussent pas toujours plus, mais souvent aussi d'en faire un peu moins dans une semaine.
Jeff, tu es d'accord avec ça ?
Par exemple, moi, j'entraîne des gens qui habitent à Lille, j'habite à Bordeaux.
S'ils n'ont pas leur montre, je ne peux tout simplement pas du tout savoir ce qu'ils ont fait s'ils ne m'écrivent pas un message.
Et ça, d'ailleurs, mes athlètes, s'il vous plaît, écrivez-moi.
Mais il est tous.
Est-ce que toi, personnellement, tu arrives à t'entraîner pour toi sans montre ?
Jeff ?
Moi, je ne m'entraîne qu'avec ma montre.
Par contre, je suis en privé sur toutes les plateformes, sauf actuellement où j'ai un petit peu besoin de reconnaissance.
Une validation entre deux gros objectifs.
Sinon...
Tu ne partages pas les entraînements.
Je ne partage pas les entraînements, justement, pour me dire, sans la validation des autres, qu'est-ce que je ferais ?
Et du coup, il se trouve que je ferais 14,57 km et pas 15,00.
et que je ferais du 4,57 au kilomètre et pas du 4,30.
Mais du coup, je pense que c'est important pour cette notion de progression de se dire j'éteins tous les regards extérieurs et de quoi j'ai besoin.
C'est vachement intéressant ce que tu dis parce que ça laisse entendre que les montres nous poussent parfois à faire des entraînements qu'on ne devrait pas faire ou à courir à des vitesses auxquelles on ne devrait pas courir ou à courir plus que ce qu'on devrait faire.
Ce n'est peut-être pas les montres, c'est peut-être le regard extérieur.
Les données, oui.
Mais quand on utilise les données, comme le dit Jeff, c'est-à-dire pour soi, pour progresser, pour analyser sa progression, je pense que c'est différent.
Oui, mais le partage des résultats et des entraînements, vous devez le voir, Fred et Charlotte, en tant qu'entraîneurs, parfois ça pousse les athlètes à ne pas vraiment faire ce qu'ils sont censés faire, en faire plus.
Oui, c'est sûr que le partage, c'est évident qu'on a envie de montrer, donc on fait un peu plus que ce qu'il faudrait.
Mais aussi, tout simplement, sans parler de partage, on s'est fixé un objectif de 70 km de course à pied par semaine.
On est dimanche, on part courir, il reste 10 km à faire et là, on a un point dans le mollet où on ne se sent pas top.
La raison devrait nous dire, on fait demi-tour, ça fera 98 km.
Et on se dit, c'est con quand même, dommage.
Je voulais faire mes 100, il me reste 2 kilomètres, allez je les fais quand même.
Donc quoi qu'il arrive, que ce soit le partage sur les réseaux, l'avis de la communauté, les likes, les kudos, les montres et les statistiques.
Tu es hyper bénéfique, hyper inspirant, hyper motivant.
Après, il ne faut pas être esclave de la donnée, c'est sûr.
Sachant que là, tu prends l'exemple de « je voulais faire 100 » , la plupart des gens ne se disent pas ça.
La plupart des gens se disent plutôt « je vais essayer de faire 30 ou 20, c'est déjà super » .
Joseph, avec quel athlète tu travailles, toi, pour observer les données, analyser les données ?
C'est des athlètes plutôt en trail et en course à pied.
C'est des athlètes qui… ont déjà cette vision data, qui font confiance déjà à la data.
Donc ça, c'est vraiment hyper important qu'ils soient embarqués dans le processus, sinon, en fait, ma méthode, entre guillemets, est beaucoup trop chiante à suivre.
Donc vraiment, c'est vraiment quelque chose que je demande.
Et donc, c'est 6 ou 7 athlètes maximum au monde, mais par contre, on travaille avec eux à 200%, et là, pour le coup, on passe un cap.
Et là, on parle...
Il y a qui, par exemple, qu'on peut connaître ?
En trail, Tom Evans.
Roofcroft, en trail aussi, qui a fait 2e de l'UTMB cette année.
J'avais travaillé avec Peter Ringal aussi en trail, j'avais aidé l'équipe de France pour le marathon des Jeux Olympiques.
Donc ça c'est vraiment intéressant de comprendre le dénivelé.
Alors qu'est-ce que tu regardes comme données précisément ?
Beaucoup.
Beaucoup ?
C'est-à-dire ?
Il y a une cinquantaine de champs de données.
On peut penser au poids, à la taille, au sexe, à la raideur tendineuse, à la VO2 max, au temps de soutien, à l'économie, à la salinité de la transpiration.
Donc vraiment le but c'est d'essayer de comprendre comment est-ce qu'on modélise le corps.
Ça reste une boîte noire en fait.
de l'extérieur, c'est hyper difficile de savoir quelle est la fatigue de mon corps.
Et justement, moi j'essaie d'objectiver ça dans tous les sens pour voir comment est-ce que on peut fatiguer le corps et comment est-ce qu'il peut se régénérer pour être encore meilleur.
Donc vraiment, il y a toute cette logique de compréhension.
Et pour avoir toutes ces données, une montre suffit ?
Pas du tout, non non non.
Alors tu fais quoi sur tes cobayes ?
Tu leur mets quoi ?
Donc la montre, là, c'est un peu le bouc émissaire, effectivement.
on parle beaucoup de la monde, la monde, parce que c'est celle que tout le monde a.
Voilà.
C'est ce qui parle au plus de monde.
Exactement.
Mais en fait, il y a d'autres capteurs qui sont un peu dans la vie courante.
Je pense au brassard Coros, je pense à l'époque au Super Sapiens.
Il y a les capteurs corps de température.
On rajoute aussi des centrales inertielles pour justement essayer de regarder la dégradation de la foulée sur une course.
Même un thermomètre, en fait, c'est intéressant de savoir quelle est la température extérieure.
Et tu le mets où le thermomètre, pardon ?
thermomètre extérieur ça je vais le garder avec le coach et thermomètre intérieur on fait avaler des petites pilules pour avoir la température interne on fait avaler des pilules aux athlètes pour avoir la température de l'intérieur de leur corps c'est facile quand on le pense 6 heures à l'avance parce qu'on a juste à l'avaler quand on est juste avant la course qu'on oublie de la prendre c'est par l'autre voie d'accord je vois je vois l'image Donc tu enfonces des pilules qui...
Enfin, ce n'est pas toi qui les enfonces personnellement, j'imagine.
Je leur demande de le faire, oui.
D'accord.
Et à quoi...
Qu'est-ce que ça apporte de plus pour améliorer la performance, d'avoir ce niveau de données ?
En fait, actuellement, les meilleurs athlètes du monde, je ne parle pas des amateurs, c'est vraiment les meilleurs athlètes du monde, ils s'entraînent bien, ils mangent bien, ils dorment bien et il y a une densification exceptionnelle.
On voit sur les Jeux Olympiques, est-ce que vous connaissez la différence entre le premier et le deuxième en termes de centimètres ?
Non.
5,7 centimètres.
Sur quelle épreuve ?
Sur le 100 mètres.
Ah, sur le 100 mètres.
Oui, c'est vrai que...
Sur le 100 mètres ?
Rien que sur le 100 mètres, c'est rien du tout.
Et en fait, c'est quoi ?
Est-ce qu'il aurait dû manger un oeuf supplémentaire ?
Est-ce qu'il aurait dû prendre une semaine de moins de vacances, etc.
?
Et du coup, en fait, la question qu'on se pose, c'est comment est-ce qu'on peut aller plus loin ?
Et du coup, il faut vraiment très bien comprendre, je ne sais pas, le processus de chaleur.
Et du coup, quand je vais les envoyer en heat chamber, en chambre chaude ou chambre froide justement pour gérer là-dessus, on aura des données extrêmement précises.
on sait exactement à quelle température ils vont monter sur un marathon olympique ou sur un UTMB, par exemple.
Je pense que la température est le facteur limitant de la performance.
C'est quand même un gros point important.
Charlotte ?
Je trouve que c'est hyper intéressant, mais comme tu le dis, c'est pour des champions olympiques ou des gens qui visent l'excellence.
Après, de là à aller chercher toutes ces données chez des amateurs, déjà, si simplement ils arrivent à s'entraîner régulièrement et être réguliers dans leur pratique, c'est déjà énorme.
Jeff, ça te tenterait d'avoir des petites pilules qui mesurent la température de ton corps ?
Oui.
Est-elle en carbone ?
J'aime beaucoup le carbone.
Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'il faut vraiment rappeler que c'est fait pour l'élite.
Moi, si j'ai un athlète qui va en chambre froide, c'est qu'il est bouché charcutier.
On lui a demandé trois trente.
J'ai déjà essayé personnellement les chambres.
On s'entraîne dans une chambre chaude pour préparer.
On avait des championnats du monde à Pékin.
On va vous préparer à l'humidité et tout ça.
Soit on avait été mal encadrés, soit il s'était passé un truc entre temps.
Qu'est-ce qui s'était passé dans cette chambre chaude ?
Parce qu'on n'a pas été bons à la compète pour autant.
Ah d'accord !
Il faut que quand l'athlète arrive dans ce processus, que ce soit déjà quelqu'un qui soit totalement embarqué dans le projet, qui tombe sur quelqu'un qui n'est pas du tout dangereux parce que quelqu'un qui va vous vendre de la data comme ça, moi je peux le faire.
Viens, viens, on va dans ma chambre chaude, viens, viens, on va dans ma chambre froide.
Oui, ça, c'est la société.
Oui, attention.
Et en fait, aujourd'hui, c'est vraiment ce qui est sexy.
Et ça, que ce soit pour les professionnels ou pour les amateurs, et c'est là où je reviens un peu sur la notion de dangerosité de la tâche, c'est que moi, je suis contacté par des athlètes 100% amateurs qui me disent « Ok, si je peux m'entraîner 4 fois cette semaine, ça sera vraiment que je suis en train de passer un cap.
» Et qui, à côté de ça, veulent test VFC, patin, 5 minutes debout, 5 minutes à un projet.
Je me suis évanoui, j'étais âgé, j'en pouvais plus.
Et du coup, je me dis, tu tombes sur un coach qui soit ne dit pas qu'il ne sait pas faire parce qu'il voit le chèque à la fin du mois partir.
soit dit qu'il sait faire parce qu'il sait faire, mais qu'en fait, il en profite un peu pour mettre la main sur l'athlète.
On lui fait faire des choses dingo.
Joseph, moi, j'ai une question.
Est-ce que ça marche ?
Est-ce que les athlètes que tu bourres de capteurs un peu partout, dont tu surveilles la moindre data, la moindre donnée, est-ce que finalement, ils performent mieux que des athlètes qui n'observent pas du tout tout ça et qui ne s'intéressent pas du tout à tout ça ?
J'ai encore mon boulot, donc je pense que ça marche péto bien.
Mais est-ce que ça marche grâce à ça ?
Non mais justement c'est ça la question en fait et c'est assez difficile d'y répondre parce qu'on vient chercher sur 1%, 2%, 3% de la performance et moi je vais jamais dire c'est grâce à moi que l'athlète a gagné parce qu'il s'entraîne depuis qu'il a 16 ans et il fait un travail monstrueux à l'entraînement.
Donc pour le coup c'est plus une optimisation de la performance.
Moi j'ai deux façons de répondre à ta question.
La première c'est justement scientifiquement oui on t'a amélioré tes performances de tant de pourcents sur ton pacing c'est vraiment un sujet qui me passionne, le pacing Donc l'allure L'allure en course, à quel point on va te faire partir vite ou pas Pour optimiser ton potentiel physiologique Et là pour le coup je suis capable de dire Normalement il s'est préservé Justement sur le début de course Donc il a pu finir fort et partir bien Il y en a avec qui ça marche pas Où tu mets un plan en place, tu leur dis il faut partir à telle allure précise Et en fait Ils n'écoutent pas du tout tout ce que tu as mis en place C'est la question piège Je vois pas de quoi tu parles Ce matin vous avez eu déjà Un athlète qui est passé effectivement avec qui j'ai travaillé, donc je ne sais pas si j'ai le droit de dire oui.
Oui, mais de qui tu parles ?
Après, ce n'est pas parce qu'il n'a pas suivi tes conseils qu'on ne l'aime pas pour autant.
Ah oui, exactement.
Et pour le coup, ça montre aussi...
Attendez, les gens qui nous écoutent veulent savoir de qui on parle.
J'ai eu la chance de travailler avec un champion de France de marathon, qui fait 2h12, qui me dit « Joseph, je suis très rapide, est-ce que ce serait possible que tu m'accompagnes justement pour essayer d'aller faire un bon classement à l'UTMB ?
» On parle de Dincan.
On parle de Duncan Perrier.
Qui est un très grand champion, qu'on a effectivement reçu dans le podcast et qui est vraiment un mec génial.
Exactement.
Et vraiment, il est adorable, il est super sympa, etc.
Et du coup, je lui dis pas de soucis.
Et en fait, sa démarche était super bonne.
Et du coup, je lui dis, je vais faire passer plein de tests en montée, en descente, avec le masque à 10%, 12% pour essayer de voir ses différentes économies, les mains sur les genoux, les bâtons, etc.
pour pouvoir l'aider.
Donc, je lui ai fait son plan de course parfaitement.
Et je lui ai dit « pars doucement » et en fait il est parti super vite, donc il a fait foirer mon plan.
Ce qui n'est pas grave en soi.
Je ne me souviens plus s'il a dit « doucement » ou « à fond » .
C'est-à-dire, pour qu'on comprenne bien, tu avais prévu quelle allure au début ?
Je ne sais pas, j'étais à 4,30, vraiment une allure très très lente, mais c'est normal pour un UTMB, tu es obligé de partir lentement.
Et il est parti à combien ?
Je ne sais même plus, à 3,25.
je ne lui jette pas du tout la pierre et c'est un des points qui est fondamental il y a des gens qui ne sont pas faits pour suivre cette méthode scientifique par exemple je prends l'exemple de François Denne qui est un immense champion de trail qui a gagné plusieurs fois l'UTMB si je commence à bosser avec lui dans deux mois il part en dépression parce qu'il a perdu le plaisir de son entraînement et d'un coup il fait au panache, il court au panache toutes les courses qu'il a gagnées c'est les courses où il partit avec la fleur aux dents et ça a super bien marché donc franchement c'est sa manière de fonctionner donc je ne vais pas lui en vouloir pour ça Jeff, toi tu es capable de suivre à la lettre un plan qui est prévu, basé sur des données, où tu sais que tu dois partir à telle allure, ne pas varier d'une seconde, ou tu cours plutôt à la sensation comme on dit ?
Par exemple si on prend une préparation marathon, sur la préparation marathon de mon record, je me suis appliqué toute la préparation à être à la seconde près de ce qui était prévu, et le jour de la course j'ai carrément appé de déclencher ma montre.
Ah ouais ?
mes records sur 800 mètres 1500 mètres, 5 kilomètres 10 kilomètres semi et marathon c'est un jour où j'avais mentalement j'étais déjà plus loin dans la course j'étais pas sur la ligne de départ et j'ai pas mes données comment t'as réagi quand tu t'es rendu compte que t'avais oublié de la déclencher au départ ?
Quand tu regardes ta montre, tu fais « Oh, merde !
» Je me suis dit « Allez, je vais faire mes calculs plus tard, c'est pas grave.
» J'avais écrit sur ma main ce qu'il fallait que je fasse à peu près.
Du coup, mon record, je l'ai fait à Valence.
Mon kilomètre le plus rapide, il est en 3,07.
Mon kilomètre le plus lent, il est en 3,11.
Sans regarder ma montre.
Même sans la montre, tu es resté dans ta fourchette.
Parce que le parcours n'avait aucune surprise.
J'ai couru tout seul pendant 38 kilomètres.
Je n'ai pas été embêté par les autres.
que la météo n'était pas surprenante non plus.
Et parce que pendant des années, tu as couru avec ta montre, donc finalement, le jour de la course presque, c'est juste la répétition de ce que tu as tellement répété que les sensations peuvent suffire.
Des fois, la montre, elle est juste là pour confirmer ses sensations.
Moi, je trouve que quand on se connaît, finalement, les datas viennent confirmer ce que tu ressens, mais des fois, tu n'as pas besoin de ta montre, effectivement.
C'est là où j'aurais un bémol, justement, par rapport à ton expertise.
Moi, je sais que j'aime la natation.
Et dans mon sport, on travaillait énormément sur il faut que tu sois capable de dire le temps que tu vas faire avec quel nombre de bras et quel nombre d'ondules.
Et ça, les yeux fermés.
Quel nombre de coups de bras et quel nombre d'ondulations.
Parce que là, tu parles en argot de natation.
Et ça, en fait, m'a permis de développer tout un tas de connaissances et de travail sur moi.
Mais il y a aussi, à un moment donné, surtout sur l'ultra-trail, des notions de comment tu te sens.
ce jour-là.
Parce que la dernière nuit peut se passer bien ou pas bien.
La météo, tu la prévois pas forcément.
Puis, il y a un coup de grêle d'un coup, et puis, celui d'après, une grosse canicule d'une nuit à l'autre.
Il peut se passer plein de choses.
Donc, où est la limite, en fait, dans toute cette...
Je pense que j'ai deux réponses à ta question.
La première, c'est, effectivement, l'expérience terrain, elle est hyper importante parce que vous, vous êtes entraîné pendant des années, donc vous vous connaissez parfaitement.
Et on avait notamment donné l'exemple d'un athlète qui finit le marathon en 2.10.
et qui avait une case-dieu au poignet, donc pas une montre connectée.
Et en fait, tout le monde disait « Oui, regardez, il n'utilise pas les données.
» Mais en fait, je pense qu'au contraire, pendant toute sa vie, il avait utilisé les données pour justement connaître son corps et réussir à corréler tel niveau de fatigue avec tel niveau de lactate, avec telle HR et telle fréquence cardiaque.
Et du coup, il avait utilisé la donnée pour justement mieux se connaître et après, du coup, il n'en avait pas eu besoin en course.
Donc ça, c'est la première réponse.
et la deuxième là-dessus c'est effectivement En course, nous on appelle ce qu'on fait les CNC, les canons conformes ou les what-ifs.
Donc en fait, si il y a ça qui se passe, comment est-ce qu'on réagit ?
Si on voit que la FC passe au-dessus de 158, là pour le coup, on se sent que c'est dans un jour rouge.
Et du coup, on va changer de plan.
Adapter le plan.
Exactement.
Et ça, c'est hyper important parce qu'on est humain et heureusement qu'il y a un peu de suspense et de choses comme ça.
Joseph, il y a des protocoles assez dingues que tu mets en place avec tes athlètes.
Il paraît que tu as fait courir un gars 6 heures sur un tapis après une course.
Non, c'est avec Tom Evans, un athlète britannique, qui a gagné le troisième du marathon des sables, qui a gagné la Western Sight.
Je travaille très bien avec lui pour essayer de comprendre quel est le ratio Ausha.
Pour expliquer un peu plus, on a deux sources d'énergie dans notre corps, les CHO, les glucides, et les FAT, les graisses.
Le but, c'est de comprendre sur un effort.
quel pourcentage on en utilise pour savoir exactement quelle quantité de glucides on va donner pendant l'effort et notamment après 18, 20 heures, 21 heures de course.
Et donc là c'est exactement ce qu'on essaye en 2025, c'est la question à un million de dollars et du coup j'ai envoyé Tom en Suède pendant six heures sur un tapis justement pour prendre ces données.
Il était super content, franchement c'est là qu'on voit qu'il était fait pour cette méthode et la deuxième expérience qu'on a fait c'était il y a un mois à Ténérife où en fait je lui fais faire un test sur tapis c'était juste deux kilomètres.
Je lui fais faire sa course de 110 km qui gagne haut la main, je le choppe à l'arrivée, je le remets sur un tapis avec le masque et justement pour calculer la différence entre ces deux tests-là.
Fred, tu m'as dit un truc très juste avant le début de l'émission.
Tu m'as dit qu'il y a un paradoxe entre vouloir faire du sport pour déconnecter et courir les yeux rivés sur ces données.
Oui, en fait, dans ma réflexion, je pense vraiment à des athlètes que j'entraîne et qui sont...
toute la journée au bureau, assis sur une chaise devant les écrans, ou alors même des gens qui aiment bien les réseaux, partager, etc.
et qui se disent, je vais aller courir pour déconnecter, pour couper, m'évader, respirer dans l'air pur.
Et pour autant, ce genre d'athlètes sont aussi là à vouloir se connaître, leur pulsation, faire des tests HRV le matin, combien de watts, à quel kilomètre heure, le volume, etc.
Et donc, bon...
tu as envie de dire, chasser le naturel, il revient au galop.
Quand on a envie de s'évader en faisant du sport, il y a peut-être des moments aussi où il faut couper un peu avec la montre.
Ce que disait Chad GPT aussi au début, les données d'entraînement permettent une validation, une reconnaissance, elles stimulent l'ego.
Est-ce que là, on ne touche pas au cœur du sujet finalement ?
Est-ce que les montres, ce n'est pas simplement devenu un moyen de faire savoir qu'on court, plutôt qu'un outil d'entraînement ?
Jeff ?
Si parce que alors ça pour le coup vraiment je sais pas à qui dire merci la société tout simplement on est dans la mode du sport on est dans la mode du running pour avoir un dossard aujourd'hui la course du coin il faut s'y prendre un an en avance et donc du coup courir c'est ce qu'on a envie dans mon entourage alors du coup c'est un entourage un peu biaisé parce que je suis vraiment dans le sport mais je sais pas s'il y a une personne qui n'a pas fait un marathon aujourd'hui c'est la grosse grosse mode Ah si moi j'ai pas fait de marathon pour l'instant Pardon ?
Non non toujours pas Non, c'est pas la honte.
oh là on devait me tromper d'adresse je venais pour le sport et donc du coup c'est un moyen de reconnaissance de dire moi aussi je cours mais alors c'est valable pour tout moi aussi je nage, moi aussi je fais du vélo j'ai des amis qui sont des bons coureurs mais qui se sont dit ok on a 40 ans cette année Ironman et j'étais là ok moi quand j'étais petit je me suis dit si un jour je suis assez fou et que j'ai vraiment du temps je vais le faire, là c'est des gens qui travaillent de 8h à 8h ...
Trois enfants, on y va et Ironman.
Dans trois ans ?
Non, dans six mois.
Qu'est-ce qui t'agace le plus dans l'utilisation des montres aujourd'hui ?
Les entraîneurs que j'ai eus dans ma carrière, je peux les citer en tant qu'éducateurs.
C'est des gens qui m'ont transmis et qui ont fait qu'aujourd'hui, l'entraîneur que je suis, en tout cas, j'espère, je mise tout sur l'héritage.
Je dis à tous mes athlètes...
Dans deux ans, je pense, ou trois ans maximum, je pense que notre relation, elle est finie.
Tu vas avoir envie d'aller apprendre quelque chose d'autre avec quelqu'un d'autre.
Et en fait, j'ai l'impression que la montre, elle m'a éloigné de ce que je peux transmettre à l'athlète.
Là, par exemple, j'ai une athlète qui, pour moi, est aux portes de l'équipe de France sur marathon ou 100 kilomètres, on ne sait pas trop.
Et je lui ai dit, si tu veux qu'on y arrive, arrête de me parler de ta montre, de tes allures.
tous mes messages sur Instagram, ils étaient pour elle.
Ah ouais ?
Je te le dis, Camille.
Et en fait, depuis qu'elle a arrêté ça, qu'elle s'est mise en privé sur Strava et qu'on bosse au « j'ai réussi ma séance » , « ah oui, pourquoi t'as réussi ta séance ?
» Parce que j'ai ressenti l'accélération, j'ai ressenti que j'arrivais à faire ce que tu m'as parlé la dernière fois, la technique, etc.
Et au bout de 15 messages et au fait les chronos, « ah oui, ça va plus vite que prévu » , « ouais, mais en fait, par rapport à tout ce que tu m'as décrit, Ok, la semaine prochaine, tu vas faire entre 9,50 et 9,40 sur le 3000 mètres.
Elle a fait 9,45.
Je ne dis pas que je suis un gourou.
Je dis que je lui ai appris à courir et que quand elle va se pointer sur la ligne de départ, montre, pas montre, pluie, pas pluie.
En fait, ce que Joseph fait avec les what if et tout ça.
je lui aurais transmis son truc à elle.
T'as poussé un coup de gueule en story l'autre jour, je ne sais pas si c'était pour elle du coup.
T'as écrit en gros, les seules fois où il faut vraiment regarder sa montre pour respecter une allure, c'est le jour de la compétition.
Et il y a des gens qui ne le font pas alors qu'ils sont collés à leur montre pendant tous les entraînements.
Coucou Camille !
On fait un plan avec les athlètes, c'est comme pour Joseph en fait.
Il y a quelqu'un qui vient le solliciter, lui demander est-ce qu'on peut faire ça, est-ce qu'on peut pousser tous les curseurs ?
À 100%, ok.
Mais écoute, par rapport à tout ce qu'on s'est investi, tout ce que tu t'es investi, tu m'as demandé du temps, je t'en ai donné, pars à 4h30.
Hey, 3h30 aussi si tu veux.
Et après, voilà, c'est des coups de gueule parce que l'athlétisme, c'est mon héritage.
C'est ce que je veux transmettre aux gens.
Et la montre se met entre toi et tes athlètes.
Fred, tu as une anecdote, je crois, sur un athlète qui avait tout prévu pour son marathon.
A la seconde près avec sa montre, il avait ses allures, il avait tout calculé, mais ça ne s'est pas passé comme prévu.
Oui, il avait bien travaillé ses allures à l'entraînement et il avait vraiment tout prêt, la montre bien chargée.
Comment il s'appelle ?
Pascal Cassé, que j'ai vu récemment d'ailleurs et qui m'a raconté cette anecdote en stage à Lanzarote.
Et donc il me raconte son marathon et qui me dit qu'il part comme ça et il a une voix un petit peu très calme.
Et il part et boum, au bout de 1 km, blackout, la montre s'arrête.
Et c'est quelqu'un qui connaissait pile poil son cardio, son allure, limite la puissance aussi.
Il savait exactement quoi respecter comme données, mais plus de capteurs, plus de données, plus de capteurs sur sa montre.
Au début du marathon ?
Direct.
Donc, il part un peu à l'aveugle.
Et en plus, il est dans un petit groupe et on lui annonce, il voulait faire moins de 3 heures, et on lui annonce 4.
4h30 au kilo, sur les trois premiers kilomètres.
Donc ça veut dire plus de trois heures.
Donc plus de trois heures.
Donc il se dit, bon, aujourd'hui, c'est mort.
J'ai l'impression d'être dans mon allure et je ne suis pas bon.
Donc bon, allez, j'essaye d'accélérer un petit peu.
Il passe au dixième kilo.
Il entend son temps, finalement.
Il entend un peu plein d'infos.
Il est complètement perdu.
Il continue, il essaye d'accélérer et tout.
Puis au final, je crois que pendant la course, on lui dit quand même qu'il est finalement dans les temps.
Il franchit la ligne avec 6-7 minutes d'avance sur son record.
Donc, moins de 3 heures.
Moins de 3 heures.
Largement moins de 3 heures.
2h53.
À l'aveugle.
À l'aveugle.
Parce qu'il croyait être un peu à la bourre.
Donc, finalement, il est allé chercher un peu plus loin.
Mais bon, voilà.
Comme quoi, on peut réussir sa course, même sans montre, même si elle lâche et même si on se retrouve à l'aveugle.
Comme disait mon entraîneur à l'époque, avant la compète, tu as fait tout ce qu'il fallait à l'entraînement.
Donc maintenant, laisse parler l'artiste qui entend toi.
Fais un peu à l'instinct.
Et du coup, après, dans le triathlon court-distance, il y a une part de stratégie aussi.
Donc il faut aussi de l'instinct.
Mais voilà, on compète.
C'est rigolo.
On passe les messages, on dirait, les coachs sur celle-ci.
Je crois que c'est une sorte de psychanalyse collective des coachs aujourd'hui qui lancent le message aux athlètes.
Lâchez un peu vos montres.
Concentrez-vous sur l'essentiel.
Jeff, il y a un truc qui...
t'agace prodigieusement, c'est les photos sur les lignes d'arrivée.
Tu m'en as parlé l'autre jour, tu m'as dit alors moi ce que je trouve dingue c'est que maintenant toutes les photos sur les lignes d'arrivée c'est des athlètes qui arrêtent leurs montres donc ils sont tous comme ça en train d'arrêter leurs montres, il n'y a plus de jolies photos sur les lignes d'arrivée.
Ouais ben voilà, t'as tout dit, les photos.
Ouais comme ça.
Et je t'ai même envoyé une vidéo d'une...
Eh ben je l'ai la vidéo, on va la regarder ensemble.
Une Espagnole qui marche, qui célèbre beaucoup trop tôt.
Ah oui.
et qui se fait dépasser par une Ukrainienne.
Alors ça, OK.
Et genre, elle passe la ligne.
N'en dis pas plus.
On la regarde.
On regarde cette vidéo.
Est-ce que tu peux nous commenter cette image, Jeff ?
Oui, il y a une marcheuse espagnole qui pense qu'elle est troisième au championnat d'Europe et elle ne voit pas que l'Ukrainienne lui revient terriblement dessus.
Elle célèbre.
Et au moment où elle voit l'Ukrainienne qui lui passe dessus, et en fait, les deux se jettent sur leur montre comme si elles allaient pouvoir prouver que...
Si, si, enfin, moi, j'ai...
Non, non, en fait, la ligne d'arrivée, elle a dit que tu étais quatrième du coup, maintenant.
Et en fait, on voit son visage qui est désespéré et comme un réflexe, quoi.
Elle se jette sur sa montre, alors qu'en vérité, peut-être que, je ne sais pas, si elle tend le bras, si elle se jette, il y a moyen.
Ça se joue à 5 centimètres comme sur le 100 mètres, quoi.
C'est-à-dire qu'elle s'élèvre un peu trop tôt, elle pense qu'elle est troisième.
Et au moment où elle se rend compte qu'en fait, elle ne va pas avoir sa médaille, elle va finir quatrième, son réflexe...
c'est d'arrêter sa montre plutôt que de se battre après je ne veux pas ramener à moi mais je suis à l'arrivée d'une course je pense à tous les gens à qui j'ai envie de dire merci tous les gens à qui je n'ai pas envie de dire merci mais je ne pense pas, qu'est-ce qu'on va en dire on va regarder la différence on va voir la différence Jeff parce que j'ai la vidéo de ton arrivée au semi-marathon de Biarritz Effectivement, voilà la différence.
Tu passes la ligne, tu prends avec tes deux mains le foulard de l'arrivée, je ne sais pas comment on appelle ça, la banderole d'arrivée, tiens, regarde les caméras, regardez-moi ce beau gosse, grand sourire, tu n'as pas arrêté ta montre à ce moment-là, toujours pas arrêté ta montre.
Alors je voudrais du coup rassurer tout le monde, on peut raccourcir son axe sur Strava, et vous aurez votre temps, pas de soucis.
Et alors le pire, c'est les gens qui ont le doigt dessus au départ, pareil, mettez l'autolap, déclenchez-la avant, et ça je plaide coupable, moi c'est vrai que je suis un peu comme ça au départ.
Moi, du coup, depuis que j'ai découvert l'autolap, je la déclenche, ma montre s'arrête, et je satellise les gens au départ, pas du tout parce que je suis bon, juste parce qu'ils sont...
Ils perdent une seconde.
Vous avez vu les départs de 10 km de Valence, 10 km de Lille, il y a des énormes embouteillages.
Est-ce qu'on peut dire qu'il n'y a pas quelqu'un qui...
On ne peut pas le dire, je ne peux pas dire que c'est ça, mais vraiment, au coup de coup, c'est moins plus...
Il y a même des chutes, c'est vrai.
Il faut y aller, quoi.
Au coup de coup, on n'est pas là pour bipper.
Joseph, en trail, il y a eu des chutes déjà de gens qui regardaient leurs allures sur des chemins un peu techniques et qui se retrouvent à tomber.
Oui, bien sûr.
Mais justement, il ne faut pas non plus trop regarder.
Donc effectivement, on fait du sport pour l'émotion.
Et je ne comprends pas que des gens, justement, effectivement, on peut le raccrocher.
Ce qui est problématique, c'est Pogacar qui perd son compteur à 40 bornes de l'arrivée.
Là, pour le coup, c'est très, très, très grave parce que ce genre d'effort, il ne le fait qu'une seule fois dans l'année.
Donc c'est important pour le coach de l'avoir.
Mais le reste, moi, je suis assez fan de ce qui est...
invisible monitoring.
Ça veut dire quoi ?
De réussir à monitorer la personne sans que lui s'en rende compte, sans que lui le sache même.
Du coup, on essaie de leur foutre un peu des capteurs mais qui ne sont pas du tout difficiles à porter et que lui ne le regarde pas.
Moi, il y a beaucoup de champs de données que je lui interdis de regarder.
On lui met des caches, etc.
pour que l'athlète ne le sache pas.
C'est moi qui les reçois.
Si je veux bien, je lui dis et du coup, je vais un peu l'aider là-dessus.
Mais il ne faut pas qu'il soit au courant de toutes ces données et c'est justement une façon de les protéger aussi.
En swimrun, Hugo, le problème est réglé puisque les montres, ça ne marche pas.
Tu ne peux pas changer, passer de natation à course à pied.
De toute façon, ça ne veut rien dire les données, donc ça ne te perturbe pas.
Pas vraiment.
Après, je m'en sers quand même, surtout sur les longues portions course à pied.
Moi, je m'en sers pour autre chose.
C'est parce que comme je suis un sport où on change, où on a des grosses ones de transition et qu'on est dans les ones de trail, donc on ne voit pas forcément l'endroit où on va se mettre à l'eau.
Je m'en sers pour faire un lap au début, juste pour, comme je sais...
que je vais devoir courir 8700 mètres, c'est important que je sache que je ne suis plus qu'à 300 mètres de la one de transition pour pouvoir me mettre dans l'eau au bon moment.
Mais j'essaye en tout cas de m'en détacher au maximum.
Et si je continue par rapport à ce que tu disais sur la nullité de ces lignes d'arrivée où on appuie, pour moi, c'est comme aller voir un concert et continuer à filmer non-stop.
Et les gens qui vivent un concert à travers leur téléphone, non, en fait, si tu fais le marathon, c'est pour vivre ton marathon.
Ce n'est pas pour bloquer derrière ta montre.
Au delà des montres, Et au-delà des données, maintenant, il y a des gens qui se filment en selfie avec le téléphone au bout du bras au moment de passer la ligne d'arrivée ou qui se filment un peu tout au long de la course.
Est-ce que ça n'enlève pas le charme et l'émotion de ce moment, Fred ?
Oui, carrément.
Et ça me fait penser à d'autres anecdotes.
C'est sur la natation.
La natation qui est un sport ultra technique où on est sans cesse en train de te dire « mets ton petit doigt comme ci, le pouce comme ça, le cou de là, respire, tourne la tête, les genoux, le bassin et tout » .
Et elle est prête, elle est top, c'est parti.
Sachant qu'on est à la seconde près, tu vois, sur une séance de 10 fois 100 mètres en natation, quand le hop il est parti, t'y vas quoi.
Et là, ok, top, t'as dit top, ok, alors attends.
Là je bip, ah bah je suis pas en mode 50 mètres, 25 mètres, natation, allez, et hop, c'est parti.
Et là je suis avec le chrono, il y a 10 secondes qui sont passées, je me dis, mais je lui dis quoi à la fin du 100 mètres ?
Je lui dis le vrai temps, j'ai eu le temps avec les 10 secondes ?
Donc c'est vrai que des fois, dans la perf, ça vient polluer un petit peu les sensations.
Le ressenti, on s'écoute moins.
Mais comme dit Charlotte tout à l'heure, c'est vrai que ça vient contrôler, donner une info.
Pour le coup, en natation, en plus, tu as l'horloge.
Donc, tu peux regarder à quelle heure tu plonges.
Tu peux compter tes allers-retours.
Donc, tu sais quelle distance tu as fait.
Mais on a beau leur dire même qu'il y a une résistance hydrodynamique à l'eau, on n'arrive pas.
à leur faire enlever le rond.
C'est un peu dessous.
C'est vrai que je nage avec ma montre.
C'est-à-dire, en plus, en natation, tu as moins le cardio.
Donc, c'est juste pour calculer la distance parcourue.
C'est pour ne pas compter les longueurs.
Il y a une autre image qui a fait beaucoup parler au moment des JO, triathlon au JO de Paris.
On voit Cassandre Beaugrand, championne olympique, qui court là carrément avec la montre dans sa main, qui a vraiment le regard rivé sur sa montre, sur son allure.
Pourquoi faire ça ?
Pour monitorer son allure.
Parce qu'en fait déjà, elle pour le coup, elle ne va pas nager ni rouler avec la montre, parce qu'elle roule avec le compteur.
En natation, on ne regarde pas la montre, donc elle ne l'a pas.
Donc en fait, elle la prend au moment de sa transition et elle la démarre juste.
et c'est un peu à l'exemple de ce qu'on disait plutôt sur les marathons.
Quand tu changes de sport, tu enchaînes comme ça, il y a un moment où tu as une one de battement et tu ne sais pas à quelle allure tu es.
Et si tu veux tenir ta performance le plus loin possible avec le meilleur perf à l'arrivée, il ne faut pas partir plein gaz et pas de croix-tente comme sur du flat-rail.
Il faut plutôt partir 4.30.
Là, c'est un peu pareil.
C'est être sûr qu'elle est à la bonne allure et qu'elle ne va pas trop vite.
Et c'est ce qui va lui permettre de rejoindre l'arrivée 10 kilomètres plus loin sur le marathon olympique.
Cassandre, elle est assez data.
Je ne dévoile encore rien, bien nous.
potentialité qu'il y ait quelques projets qui soient faits ensemble.
Ah bah tu reviendras nous en parler quand tu pourras nous en dire plus.
Exactement.
Jeff, c'est quoi ton message aux athlètes amateurs qui sont obsédés par les données et par les réseaux sociaux, les montres, etc.
?
Si vous voulez vraiment vivre l'aventure comme un professionnel, et bien faites comme les professionnels, rapprochez-vous d'un coach, rapprochez-vous d'un club et vous verrez que c'est là où sont les progrès.
Merci.
Joseph, on dit souvent qu'on n'a pas besoin d'avoir une montre pour savoir si on a bien dormi.
Ça n'a pas forcément du sens de regarder sa montre le matin pour savoir si on a passé une bonne nuit ou pas.
Moi, je le fais.
Je regarde ce que dit la montre sur la nuit.
Mais je crois qu'il y a un espoir quand même sur les montres qui pourrait vraiment avoir un intérêt en termes de santé publique.
C'est la prévention des morts subites chez les athlètes d'endurance, notamment avec la La surveillance des battements cardiaques par une intelligence artificielle qui pourrait permettre de détecter des fragilités cardiaques chez des sportifs qui ne le savent pas.
Est-ce que c'est une vraie piste de travail pour éviter des morts subites ?
Parce qu'il y en a beaucoup.
Oui, effectivement.
Et c'est un sujet qui, moi, me touche particulièrement.
C'est ce que j'appelle la théorie du ruissellement.
Quand on me demande quel est ton boulot, je dis je fais gagner des minutes sur l'UTMB.
C'est vrai que socialement, mon père, il a créé des...
écoles au bon lieu.
Du coup, mon rôle social, je me le pose de temps en temps et je me dis comment est-ce que je peux utiliser tout ce travail technologique pour le grand public ?
Et du coup, ça peut être exactement l'exemple que tu as donné.
Ça peut être de bosser avec des personnes en situation de surpoids, de se dire, on est capable de calculer au gramme de glucides près la consommation de Tom Evans.
Pourquoi pas, dans deux ans, on équipe peut-être 100 000 ou 200 000 personnes à les aider à perdre du poids à ce niveau-là.
Donc oui, effectivement, c'est des projets qui marchent bien.
Et même, je me demande si, par exemple, Apple...
qui en vrai pourraient me fracasser, Garmin, Ecoros, parce qu'ils ont une puissance financière énorme, est-ce qu'ils ne sont pas en train de se mettre plutôt sur le côté health, qui va rapporter plus d'argent, pardon, santé, qui va rapporter plus d'argent, plutôt que sur le côté sport, qui va rapporter un petit peu moins d'argent.
Effectivement, ce genre de choses, c'est la bonne partie.
Et c'est pour ça que c'est cool d'avoir des athlètes amateurs qui l'utilisent, parce qu'en fait, on va monitorer, on va peut-être sauver un million de personnes au-dessus de 70 ans parce qu'on a capté ce genre de choses.
Ça va être l'heure de l'interview tapis.
Jeff, aujourd'hui c'est toi qui vas t'y coller.
Le concept est très simple, je le rappelle si tu ne le connais pas.
Tu vas courir sur un tapis de course qui est juste derrière.
Je vais te poser des questions liées au sujet du jour.
Et à chaque mauvaise réponse, la vitesse va augmenter.
Je vais courir ?
Oui, tu vas courir.
Tu enlèves ta montre à aiguille et tu mets ta montre connectée.
On ne perd rien.
Je te laisse t'équiper et aller t'échauffer.
On arrive vers toi dès que tu es prêt.
C'est parti.
Pendant que Jeff est en train de s'échauffer, Joseph, c'est quoi l'histoire la plus dingue que tu as eue avec l'analyse des données, avec un athlète ou une athlète ?
Une histoire dingue ?
Je pense celle qui m'a procuré le plus d'émotions, c'est celle de l'UTMB 2024, l'année dernière avec Roofcroft, qui est une athlète néo- élandaise.
Et du coup, elle vient me voir et elle me dit « j'aimerais savoir à quelle allure partir sur l'UTMB » .
Donc, je n'étais personne à l'époque.
Et vraiment, elle m'a vraiment fait confiance là-dessus.
Donc je me suis dit, comment est-ce que je peux essayer de monitorer son corps pour lui donner la meilleure stratégie ?
Stratégie de course.
Exactement, c'est ça.
À quelle vitesse partir, à partir de quel kilomètre t'accélères, etc.
Exactement.
Et du coup, je récupère toutes ces données.
Pendant six mois, j'essaye de comprendre comment ça fonctionne.
Je lui fais faire des tests, chambre de chaleur, VO2 max, salinité de la transpiration.
Et en fait, moi j'ai une technologie qui s'appelle les Digital Twins, donc c'est les jumeaux numériques.
Ok.
Donc en fait, c'est on va réussir à modéliser l'athlète et de voir comment est-ce que les 50 paramètres qu'on a sont imbriqués les uns avec les autres.
Donc tu vas créer des sortes de clones numériques de l'athlète pour faire des tests sur ces clones numériques-là.
Exactement.
Et du coup, en fait, j'ai mon clone numérique.
Je sais que si je fais perdre un kilo à la variable poids, je sais comment sa VO2 max va augmenter, sa puissance va augmenter, etc.
Alors la VO2 max, juste, c'est la capacité à utiliser l'oxygène.
Exactement.
qui est un des trois grands facteurs de l'endurance.
Et du coup, grâce à ça, je peux comprendre exactement quel grammage de glucides elle peut prendre, quel volume hebdomadaire elle peut prendre.
Et c'est exactement ça que j'ai utilisé sur l'UTMB.
Donc en gros, j'étais sur mon petit ordinateur.
Je créais une Rousscroft, deux Rousscrofts, mille Rousscrofts.
Donc tu as créé mille clones numériques de ton athlète.
Oui.
Et du coup, j'avais tous ces athlètes qui étaient sur mon ordinateur.
Elles, ça ne lui coûte rien.
Il n'y a pas de risque de blessure.
Je les mets tous sur l'UTMB avec des allures différentes et forcément sur toutes les autres variables je mets bornes supérieures, bornes inférieures pour être sûr que la fréquence cardiaque n'augmente pas trop ou des choses comme ça.
Et du coup je fais ça.
Attends, pour que ce soit clair, tu clones ton athlète en numérique, t'en fais 1000, tu les fais courir sur un parcours virtuel qui est exactement celui de l'UTMB, et tu regardes quel est le clone numérique qui arrive le premier, en fonction des variables poids, vitesse, etc.
C'est ça.
Et du coup je récupère la première, et je me suis dit, c'est le pacing le plus intéressant.
L'allure.
L'allure, exactement.
Désolé pour tous les mots en anglais.
Je précise pour les gens qui les écoutent.
Et du coup...
Je me dis que c'est la meilleure stratégie.
Je vais quand même l'expliquer pour voir au niveau physiologique si un coach pourrait me permettre de le donner à Roof.
Je lui donne.
Elle me dit OK.
On se tape dans la main.
Et elle fait cette course.
Donc, elle part.
Elle respecte à la minute près.
Elle est dixième à Courmayeur.
Au trois quarts de la course, elle a 48 minutes de la deuxième.
Et là, du coup, moi, je la vois passer.
Elle me dit, t'as combien de temps ?
48 !
Elle était choquée vraiment.
Elle s'est dit, mais c'est impossible que je rattrape ce retard.
Je lui dis, t'inquiète pas.
La course va se passer, maintenant c'est à ton tour, tu vas bâtonner, donc tu vas utiliser tes bâtons.
Maintenant, c'est à ton tour de te réveiller, les autres vont être cramés parce qu'elles étaient parties trop vite.
Elle gagne une minute, deux minutes, trois minutes, et à la fin, il y a une vidéo qui est phénoménale, dans la montée de la flèche légère, dernière montée du parcours, où elle met, mais fume, Marianne Hogan, qui était à deuxième, et elle réussit justement à prendre cette avance et à gagner la deuxième place de l'UTMB.
Donc, t'as pris le clone numérique qui a gagné l'UTMB, tu lui as dit, il faut faire exactement ce que ce clone numérique a fait, partir à...
exactement la même vitesse, accélérer exactement au même moment et tu vas gagner.
Elle l'a fait et elle a gagné.
Et elle a fini deuxième du coup.
Elle l'a fait et elle a fini deuxième.
Et c'est assez fou.
Et même pour vous donner un ordre de grandeur de la finesse qu'on utilise, c'est que la météo a changé parce qu'il y avait un gros nuage qui se baladait au-dessus de Chamonix.
La météo change deux jours avant.
Et du coup, j'ai été changé parce que mon jumeau numérique m'avait dit « Attends, les conditions d'entrée, input, elles ne sont plus les mêmes.
» Donc, je vais venir changer le plan.
Et donc, je l'ai fait accélérer un petit peu pendant la nuit et ralentir pendant la journée.
Incroyable.
À cause de cette température.
Comment ?
À chaque coup.
Ouais, bravo, c'est impressionnant.
Qu'est-ce qui s'est passé à la fin de la course quand elle est venue te voir forcément trop content quand tu crois dans un truc et qu'elle le fait bien c'est trop bien et après il y a eu quand même la question est-ce que j'aurais pu gagner la course parce que forcément c'est un truc, c'est facile de dire il faut partir lentement mais après justement il faut essayer de comprendre ça et justement j'ai passé une semaine à analyser toutes ces datas pour voir exactement est-ce que ça avait répondu à ce que j'avais mis dans le jumeau numérique et surtout est-ce qu'on était allé chercher la variable limitante dans les différents facteurs et effectivement je ne pense pas qu'elle aurait pu gagner ce jour-là d'accord Incroyable, c'est le Madame Irma de la performance.
Ok, merci beaucoup Joseph, c'est dingue.
Je crois que Jeff s'est échauffé, donc c'est l'heure de l'interview tapis.
Ça va Jeff, t'es un peu échauffé ?
Ça va, ça commence à l'air.
Bon, rappelle-moi ton record sur 800 mètres ?
8 minutes 45,56.
Et ton record sur marathon ?
2 heures 13,44.
Bon, c'est pour ça qu'on va commencer un peu haut, un peu plus haut que d'habitude sur les interviews tapis.
On est à 12 km heure et à 2% d'inclinaison.
Tu es à 144 battements par minute.
Chaque bonne réponse, ça ne bouge pas.
Chaque mauvaise réponse, la vitesse augmente.
On verra jusqu'où tu tiens.
Combien de temps les Français passent-ils en moyenne sur leur smartphone par jour ?
3h.
Ah, pas loin, mais quand même, ce n'est pas la bonne réponse.
3h30.
Allez, on est passé à 13,5 km.
Ta montre, c'est une Coros, c'est ça ?
Quel pourcentage de coureurs utilise cette marque, à peu près ?
À 5% près.
15.
8%.
8% des coureurs utilisent une Coros contre 75% pour Garmin, qui est le leader du marché.
En attendant, j'augmente quand même parce que ce n'était pas une réponse extrêmement précise.
Quelle marque est célèbre pour sa montre G-Shock ?
Casio.
Oui, bonne réponse.
On ne bouge pas, on ne bouge pas.
On reste à 14 avec 2% d'inclinaison.
J'en ai une.
146 battements par minute.
Quelle est l'allure moyenne d'une sortie en course à pied pour un homme ?
Je ne parle pas des élites, je parle de l'athlète de base, amateur.
5 minutes, 15.
10 minutes, 0,1 seconde par kilomètre, l'allure moyenne.
Allez, on augmente un petit peu.
On passe à 15 km heure.
Quel est le segment Strava le plus pratiqué en France en course à pied ?
Indéniablement, le Tour du Pinsan à Aisines, 33,320 et j'ai le compte.
On doit être au moins 323.
Bien tenté, mais c'est pas ça.
C'est le tunnel du Louvre à Paris.
Le segment Strava le plus pratiqué en course à pied.
Celui que tu nous as donné, c'est celui que tu fais tout le temps ?
Ouais.
Tu viens de l'athlétisme ?
Oui.
Peux-tu me donner le nom de l'unique médaillée française dans la discipline au JO de Paris et son épreuve ?
Alors malheureusement, son nom, je vais un peu l'écorcher.
Sirena Samba Maella.
Ah, c'est bien, c'est ça.
Sirena Samba Maella.
Maître A.
Sans maître A.
Médaille d'argent.
Depuis qu'elle est partie s'entraîner aux États-Unis, elle a une technique incroyable.
Je pensais vraiment qu'elle le gagnerait.
Et à la fois, pour une première à son niveau de performance, c'est incroyable.
Comment on explique qu'on ait aussi peu de médailles en athlétisme, les Français ?
On a eu une journée où tous les anciens représentants de l'équipe de France, au niveau mondial, on a été invités.
Et sur la quarantaine de personnes à qui j'ai parlé, il devait y en avoir trois qui coachaient.
D'accord, donc les anciens athlètes de haut niveau ne coachent pas assez pour toi, en France ?
Pour moi, il y a une...
Il n'y a pas de lien entre les générations.
C'est l'expérience qui se perd.
16 km heure, 2% de pente.
158 battements par minute.
Ton épreuve, c'était l'800 mètres.
Ton épreuve fétiche.
Qui détient le record du monde ?
David Roudicha, 1 minute 40, aux Olympiques de Londres, en finale, tout seul.
1 minute 40, 91 centièmes.
Bravo, le pignon David Rouchida, établi le 9 août 2012, au JO de Londres.
Encore une bonne réponse, ça ne bouge pas.
Qui a remporté le 800 m J.O.
de Paris ?
Je ne connais pas son nom.
Emmanuel Wanyoyi du Kenya.
Médaille d'or avec un temps de 1 minute 41 secondes et 19 centièmes.
C'est une mauvaise réponse, Jeff.
On augmente.
On passe à 17.
Allez, Jeff.
Allez, Jeff.
Ça va toujours ?
Oui, ça va.
157 battements par minute.
Tu montes à combien sur un 10 km, par exemple ?
Je dirais 200.
Ah ouais ?
Ouais.
On a de la marge.
Quel format de course est le plus pratiqué cette année entre le marathon, le semi et le 10 km ?
Le 10 km.
Non, c'est le semi-marathon.
66% des coureurs, 60% pour le 10 km, 42% pour le marathon.
Donc, c'est le semi-marathon qui est le plus pratiqué devant le 10 km et le marathon.
On va passer à 18 km heure.
Allez, Jeb.
Tu as remporté le semi de Biarritz il y a quelque temps.
Quel est le record du monde de semi-marathon ?
Il vient d'être battu en 56...
40 peut-être, par Jacob Kiplimo.
56,42 secondes, c'est accordé parce que François a 12 secondes près.
Bravo, effectivement, Jacob Kiplimo, Ougandais.
La vitesse n'augmente pas, on reste à 18.
Quel est ton temps à l'Ironman de Hawaï, à la minute près ?
8h58.
8h58.
Avec un patin collé.
Franchement, respect.
Très bien, ça fait en minutes.
Alors, on parle des calculs mentaux de la course.
106.
Non, pas du tout.
138.
138 minutes.
8 fois 60.
C'est une mauvaise réponse.
On augmente, on passe à 19 km par.
Alors, 19 km par, c'est ma VMA.
C'est-à-dire que moi, je ne tire pas une minute comme ça.
Ça va toujours ?
167 battements par minute.
C'est quoi tes rêves, Jeff ?
C'est juste pour te faire parler.
C'est juste pour le plaisir de te faire galérer.
Ton plus grand rêve, ton plus grand objectif en sport ?
Ah, en sport ?
Ouais.
Réussir à poser mes baskets un matin en me disant « j'y vais pas » , c'est OK.
Ah ouais ?
Et ça, tu n'y arrives pas aujourd'hui ?
Pas.
Donc, tu es un peu drogué, quoi.
Non, il m'en manque une.
Et c'est quoi qui te manque ?
Moins de 29 au 10 km.
Moins de 29 au 10 km, OK.
Allez, on continue.
Je rappelle qu'on est à 19 km heure.
2% d'inclinaison, 170 battements par minute.
Iron Man, c'est le nom d'un super-héros.
Quel est son nom dans la vie civile ?
Stark.
Oui.
Pas Léo, parce que Léo, c'est un athlète.
Philippe.
Philippe Frédéric.
Non, ni l'un ni l'autre.
Hugo.
Non plus.
Tony Stark.
Tony Stark.
Bon, je t'augmente que de la moitié du kilomètre heure, parce que franchement, t'avais le nom de famille.
On est à 19,5.
Hawaï, c'est un État américain.
Est-ce que tu peux m'en citer 10 ?
Non.
Ok, il n'essaye même pas.
Ah non.
Allez, on monte.
Nous sommes à plus de 20 km heure, Jeff.
2% d'inclinaison, 176 battements par minute.
Quel pays a remporté le plus de médailles olympiques en triathlon depuis son arrivée au jeu en 2000 ?
Les Anglais.
La Grande-Bretagne, bonne réponse.
4 en or, 3 en argent, 4 en bronze.
Alors je t'informe qu'on passe aux questions qu'on a appelées « phase terminale » .
Donc c'est des questions qui ne sont pas forcément en lien ni avec toi ni avec le sujet du jour, qui sont donc plus difficiles.
Le but, c'est de te faire craquer, tout simplement.
Combien y a-t-il de sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes ?
8.
Ah non, dans le monde, ça.
De plus de 4000 mètres dans les Alpes ?
82.
Dans les Alpes ?
Dans les Alpes.
Dans toutes les Alpes, 82.
Alpes françaises, italiennes, autrichiennes, 82 sommets de plus de 4000 mètres.
Bon, on passe à 21 km heure.
Je te rappelle que tu peux abandonner à tout moment, Jeff, en mettant tes pieds vraiment sur le côté, parce que là, tu es quand même très rapide, donc je ne voudrais pas que tu te fasses mal.
179 battements par minute.
Qu'est-ce que là ?
Bradycardie.
Mon cœur, il va te fondre.
Exactement.
C'est l'arrière de la tachycardie.
c'est un rythme cardiaque habituellement inférieur au normal.
En dehors des sports qu'on parle de bradycardie quand le rythme est intérieur à 50 battements par minute.
Là, tu es à 177, donc tu n'es pas en risque de bradycardie.
Ça va toujours ?
Ou ça commence à… Allez, Jeff !
Ok, on essaie une dernière question.
En cyclisme, quelle ascension des Alpes françaises est célèbre pour ses 21 virages en épingle ?
Alpes du Hesse.
Oui, Alpes du Hesse !
Franchement, c'est beau.
Franchement, c'est beau.
Bon, félicitations.
21 km heure, 2% d'inclinaison et ça fait quand même 16 minutes que tu galopes sur ce tapis.
Félicitations Jeff !
On peut aller se rasseoir avec nos amis.
Jeff, comment tu te sens ?
Ça va, ça fait du bien.
Du bien après la natation de ce matin.
Oui parce qu'avant le podcast, t'es allé nager avec Hugo en plus.
Et pas l'autre Hugo.
Et pas moi, non, Hugo Tormento, le mec qui fait des sessions de 6000 mètres.
Joseph, ça te tente ?
T'es un peu déçu de ne pas l'avoir fait ?
On y va quand tu veux.
Ah ouais, avec des datas et tout ?
Je te ferai manger la petite pilule d'abord.
Si c'est moins d'une heure avant.
Ah oui, si c'est moins d'une heure avant, il faut l'insérer, c'est vrai.
Bon, je te laisserai faire.
En tout cas, bravo Jeff.
Merci beaucoup de t'être prêté au jeu.
Merci Joseph d'être venu nous apporter toutes tes connaissances sur la data.
C'était vraiment passionnant.
Deux visions de la montre et des données, mais finalement qui peuvent se rejoindre.
Jeff, ton prochain objectif, c'est quoi ?
Ironman Les Sables d'Olonne le 22 juin.
Le 22 juin, ok.
Avec quel objectif de temps ?
Me faire plaisir, pourquoi pas battre mon record si tout s'aligne bien.
Plutôt bien profiter avec tous les copains présents.
Joseph, prochaine course où tu vas analyser, scruter tes athlètes, c'est laquelle ?
Moi je vis vraiment par l'intermédiaire, je pratique aussi mais je vis par l'intermédiaire des athlètes, ce sera l'UTMB 2025 avec objectif double victoire.
Ah carrément !
Putain mais rouf !
Ok, avec qui ?
avec Tom Evans et Roofcroft, la Nouvelle-Zélandaise.
On va voir si tes données seront suffisamment bien analysées et bien poussées pour leur permettre de gagner.
Merci à tous les deux d'être venus dans SafePace.
On a appris plein de trucs sur les montres et les données.
C'était cool.
Merci l'équipe.
Et puis moi, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode de SafePace.
Bye bye.
SafePace, le podcast des sports d'endurance présenté par Hugo Klim.